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    The Bookshop, Hardborough 451

    The Bookshop

    d’Isabel Coixet

    Drame

    Avec Emily Mortimer, Bill Nighy, Patricia Clarkson

    Sorti le 18 juillet 2018

    En 1959, dans le village de Hardborough (Suffolk), Florence Green (Emily Mortimer) décide d’ouvrir une librairie dans la « Old House », une vieille maison abandonnée au centre du village. Rapidement, elle se heurtera à l’avidité de Violet Gamart (Patricia Clarkson), une bourgeoise désireuse d’établir un Centre des Arts dans le bâtiment historique. Contre toute attente, c’est près d’Edmund Brundish (Bill Nighy), un homme désabusé et secret vivant reclus, qu’elle trouvera le soutien pour mener à bien son combat.

    Adapté du célèbre roman éponyme de Penelope Fitzgerald, paru en 1978, The Bookshop est une adaptation intelligente, parcourue de références à des monuments de la littérature. Rien de bien révolutionnaire : le scénario est assez classique, voire prévisible – une habituelle histoire de David contre Goliath –, mais le traitement offre sa spécificité au récit. La comparaison avec le Fahrenheit 451 de Ray Bradbury sautera bien évidemment aux yeux, le combat de Violet Gamart visant à supprimer la librairie de Florence Green et donc métaphoriquement supprimer les livres de la microsociété que constitue Hardborough s’apparente ainsi à l’histoire publiée en 1953. Cette analogie avec le roman de Bradbury sera explicitement présente jusqu’aux derniers instants du film, comme une façon de boucler la boucle en mélangeant fiction et réalité.

    Au rang des parallèles avec la littérature, on trouvera également Lolita de Nabokov, roman provocateur que Milo North (James Lance) conseillera à Florence. L’arrivée de ce livre dans la librairie de Hardborough visera à amener le chaos dans la vie de Florence, comme l’arrivée de Lolita dans la vie de Humbert amena la confusion.

    Si son scénario offre des retournements relativement prévisibles, une des qualités de The Bookshop est de ne pas verser dans l’exagération en faisant de Florence Green une héroïne seule contre tous, ce qui aurait pour corollaire d’annoncer le dénouement de l’intrigue. Le film d’Isabel Coixet parvient donc à construire son intrigue avec subtilité, en recourant à des codes propres à ce type de long-métrage tout en sachant les abandonner quand cela s’avère nécessaire.

    Question casting, on saluera le jeu de Bill Nighy qui laisse transparaître une fragilité qui l’aura mené à se couper du monde tout en renfermant une révolte latente. Une composition subtile et effacée qui offrira un contrepoids intelligent au personnage personnifié avec arrogance par Patricia Clarkson. Honor Kneafsey, qui campe la jeune Christine, saura par son innocence extérioriser le tumulte interne de la plupart des protagonistes et contrebalancera quant à elle l’influence fourbe et néfaste de l’insipide Milo North (James Lance).

    Le principal défaut de The Bookshop tient dans une mauvaise gestion du temps. Le film s’étire doucement durant 1h20 avant de s’accélérer dans les 25 dernières minutes, ce qui pourrait laisser un goût d’inachevé à certains. Reste une très jolie histoire portée par des personnages intelligemment construits dans des décors dépaysants, et une morale cynique qui montre que la frontière entre défaite est victoire est parfois très mince !

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