Depuis début mai et jusqu’au 30 décembre 2018, le MIMA (Millenium Iconoclast Museum of Art) explore l’univers graphique des affiches produites par les mouvements contestataires des années 1968 à 1973. Une perspective transnationale intéressante qui souligne les liens entre revendications économiques, sociales, environnementales et politiques.
Installé depuis deux ans dans les locaux d’une ancienne brasserie bruxelloise, le MIMA est un musée d’art contemporain qui met l’accent sur « la culture 2.0 », c’est-à-dire les nouvelles formes d’art urbain influencées par les technologies numériques. L’exposition temporaire Get up Stand up a beau s’intéresser à une période antérieure à l’avènement des réseaux sociaux, elle offre néanmoins des parallèles intéressants entre les mouvements de désobéissance civile des années 1960-1970 et les campagnes de protestation actuelles telles que Metoo, Occupy Wall Street ou encore Black Lives Matter.
Le grand intérêt de l’exposition est en effet de mettre à jour les nombreuses interconnexions entre les revendications sociales, politiques, économiques et environnementales, mais aussi les liens transnationaux tissés par les contestataires d’un continent à l’autre. Si les 400 affiches exposées font la part belle au mouvement de mai 1968 en France et aux manifestations contre la guerre du Vietnam aux Etats-Unis, plusieurs exemples illustrent également des combats menés hors d’Europe et d’Amérique, notamment dans le cadre de la décolonisation. Des Espagnols qui dénoncent le régime dictatorial de Pinochet au Chili aux Anglais et aux Néerlandais qui s’opposent à l’apartheid en Afrique du Sud, la solidarité transfrontière se reflète dans l’iconographie. De nombreuses affiches utilisent en effet des parallèles historiques et géographiques, telles ce pamphlet dénonçant la politique impérialiste de Nixon et de son complice « Big Charlie » (le président français Charles de Gaulle) :
Aux Etats-Unis, alors que les minorités noires et amérindiennes luttent contre la suprématie blanche et pour la reconnaissance de leurs droits, les jeunes dénoncent la conscription et les femmes réclament le droit à l’avortement et à la contraception. Ces revendications populaires font souvent appel à des symboles forts et à des images choc (voire très violentes dans le cas de la guerre du Vietnam), mais l’humour est loin d’être absent, comme sur cette affiche de promotion de la pilule contraceptive soulignant le fait que « Jésus était un enfant unique » :
Si les dessins et les slogans frappent par leur simplicité, ils n’en sont pas moins efficaces par leur pouvoir évocateur. Une règle qui reste d’actualité à l’ère numérique.
À ne pas manquer : Le ticket d’entrée (9.50 EUR pour un tarif plein adulte) donne accès au toit-terrasse du 3e étage qui offre une belle vue sur le canal et la ville.
Horaires : L’exposition Get up Stand up : Changing the World with posters 1968-1973 est accessible du mercredi au dimanche de 10h à 18h jusqu’au 30 décembre 2018.