Ocean’s 8
de Gary Ross
Comédie, policier
Avec Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway
Sorti le 13 juin 2018
Fraîchement sortie de prison, Debbie Ocean, sœur de l’illustre arnaqueur Danny Ocean, rassemble quelques vieilles connaissances et forme une équipe exclusivement féminine dans l’optique de monter une arnaque de grande envergure : le vol spectaculaire et à la vue de tous d’une parure de 150 millions de dollars lors d’un prestigieux gala.
Si l’on peut légitimement se poser la question du pourquoi faire un remake féminisé d’Ocean’s Eleven et de ses suites, au-delà des sirènes de l’air du temps et de l’appel du politiquement correct, force est tout de même de constater que, au vu des relents phallocrates et misogynes qu’inspirent une vision récente du film original – dans lequel le seul personnage féminin est traité comme un trophée que se disputent le gentil et le méchant de l’histoire –, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée.
Car il faut le dire, à la revoyure, Ocean’s Eleven a sérieusement et fondamentalement vieilli, non seulement dans l’idéologie rétrograde qu’il véhicule mais également dans ses effets de mise en scène qui apparaissent aujourd’hui pour ce qu’ils sont, des marques d’une époque déjà révolue plus que celles de la personnalité d’un cinéaste désespérément surestimé.
Après cette parenthèse désormais refermée, attardons-nous tout de même sur le présent film, ce « reboot » déguisé en suite qui opère quelques changements assez simple : remplacer George Clooney par Sandra Bullock, Brad Pitt par Cate Blanchett ou encore Matt Damon par Rihanna. Le concept de « féminisation » ne va en réalité pas beaucoup plus loin que ces conversions anecdotiques, et l’on peut même directement mettre à la corbeille l’hypothèse d’un film « féministe », puisque celui-ci fait quand même perpétrer par ses héroïnes un vol de diamants, là où les hommes se contentaient de billets de banques. Est-ce qu’un groupe d’arnaqueuses ne pouvait forcément que s’attaquer à de la bijouterie bling-bling ? Est-ce vraiment le message « progressiste » que voulait faire passer le film ?
Quoi qu’il en soit, si l’on ne veut pas trop réfléchir aux tenants et aux aboutissants de quelques clichés tenaces véhiculés par Ocean’s 8, on peut tout aussi bien l’apprécier au premier degré, comme un divertissement d’assez bonne facture, recréant allègrement des archétypes mis en place par la première trilogie Ocean et surtout, de manière plus vaste, par le film d’arnaque en général. Tout est à l’avenant pour faire passer un bon moment – casting sympathique, scénario à tiroirs et à rebondissements, bande-son musicale gentiment rétro –, à condition de ne pas être trop exigeant quant à l’originalité globale du projet.