Mon ket
de François Damiens
Comédie
Avec François Damiens, Matteo Salamone, Tatiana Rojo, Christian Brahy
Sorti le 30 mai 2018
Sorte de caïd « baraki », derrière les barreaux pour une longue durée, Dany Versavel réussi à s’évader de prison afin de retrouver Sullivan, son « ket », qu’il n’a pas pu élever comme il le souhaitait. Entre coups foireux et méthodes d’éducation douteuses, Dany fait tout pour rentrer dans le rang et offrir à son fils une vie heureuse. Mais le passé et ses mauvaises habitudes le rattrapent assez vite.
Derrière ce « pitch » passe-partout et finalement très banal se cache en réalité un véritable retour aux sources pour François Damiens, dont il s’agit de la première réalisation. Alors que l’affiche du film et son argument ressemblent à ceux d’une comédie francophone « mainstream », doublée d’un « feel good movie » sur la filiation, Mon ket constitue le retour de Damiens à la caméra cachée, genre qui le fit connaître à ses débuts.
Les mésaventures et petites combines en tous genres de Dany Versavel et de son fils Sullivan font donc l’objet de sketchs montés et improvisés face à des quidams dans le seul but de les faire réagir et de rebondir sur ces réactions. Si le dispositif et la construction qui en découle donnent forcément un résultat légèrement inégal – le genre du film à sketchs étant immanquablement sujet à cette tare –, il n’en reste pas moins que certains des inconnus, dans leurs manières d’interagir avec Damiens, sont réellement étonnants et que la manière dont l’acteur-réalisateur les inclut dans son délire, sans jamais se moquer d’eux, est assez sympathique.
La vision du film peut éventuellement créer un certain malaise à quelques moments, mais principalement car la frontière entre réalité et fiction semble constamment brouillée. Si l’on a parfois du mal à croire à la véracité de certaines réactions ou déclarations des « piégés », il semblerait que tout soit effectivement pris sur le vif, comme en atteste plus ou moins le générique de fin, dans lequel des rushes de pièges alternatifs ou coupés au montage sont dévoilés.
Bien que son projet s’en rapproche par certains aspects, François Damiens est tout de même loin du degré de subversion et d’humour presque politique d’un Sacha Baron Cohen. Dany Versavel n’est pas Borat et n’en a ni la causticité ni le côté profondément dérangeant. Il est juste légèrement malsain, et parfois attachant. Mais plus que le personnage qu’il a créé – largement inspiré par ceux expérimentés lors de l’âge d’or de ses caméras cachées pour la télévision –, c’est la démarche de François Damiens qui séduit, cette manière d’assumer à 100% ce qui l’a rendu célèbre, et cela sans se soucier de la crédibilité d’acteur « sérieux » qu’il a depuis acquise.