28ème édition du festival Mithra Jazz de Liège, avec cette année encore plus de 30 concerts répartis dans six lieux emblématiques du cœur de Liège.
Comme toujours, il convient de faire un choix dans la programmation. Nous avons assisté aux trois derniers jours du festival. En voici quelques extraits, au gré de nos découvertes et envies.
Selah Sue
C’est avant tout une identité vocale, un charme irrésistible, une musique pleine de finesse et d’énergie. Elle nous revient avec une tournée acoustique. On découvre une Selah Sue plus mature, sereine et visiblement heureuse de se retrouver dans un schéma plus minimaliste. Elle nous parle de sa 1ère maternité, sans doute pas étrangère à ce côté apaisant qu’elle nous fait découvrir. Une prestation à tous points de vue réussie !
Retour à Liège de Ambrose Akinmusire en Quartet, cette fois.
Il est considéré ces dernières années comme l’un des plus grands trompettistes de sa génération. On reste vraiment admiratif devant son aisance et sa technicité. Il nous propose un jazz très contemporain, aéré et complexe à certains moments. Il incarne une certaine modernité et recherche constamment de nouvelles sonorités.
Cory Henry & The Funk Apostles
Le phénomène Cory Henry passe au Reflektor. Le virtuose du clavier est une fois de plus époustouflant : une voix limpide rappelant à certains moments Stevie Wonder, un rythme endiablé et ce fabuleux mélange de soul, jazz et gospel.
Un vrai showman sur scène, qui ne calcule pas son énergie. Il nous a gratifiés d’une mémorable reprise des Bee Gees, Stayin alive… jouissif !
Mélanie De Basio
Concert très attendu de celle que l’on surnomme « la diva belge du jazz » : Mélanie nous embarque dans son univers fait d’ombres et de lumière, en apesanteur sur des rythmes répétitifs. Mélanie De Basio, c’est aussi et surtout un charisme sur scène, une gestuelle, des murmures, des respirations et des sons venus d’ailleurs. Même le silence est musique. Elle nous livre une prestation tout en retenue et nous distille son répertoire de façon aérée. Le tout est enrobé d’une lumière intimiste accentuant cette mystérieuse ambiance. Le Forum est suspendu à ses lèvres avec cette impression de vivre un rêve éveillé.
Avishai Cohen
Un moment intense au Miroir avec la venue d’Avishai Cohen en quartet : le temps reste suspendu de longues minutes après une prestation tout en finesse… L’émotion est omniprésente. Il reprend quelques titres de son dernier et superbe album « Into the silence », un hommage à son père disparu. Un album très intimiste qu’il reproduit sur scène par de splendides parties solo. Une parfaite osmose avec les autres musiciens dont le pianiste Yonnathan Avishai et le batteur Ziv Ravitz. Pour nous, c’est certainement le plus beau concert de ce festival.
Mark Ribot
Guitariste américain hors pair, il présente son projet « Céramic dog » : coktail explosif fait de jazz, de blues, de rock, de psyché,… Des étincelles, de la puissance, des riffs qui nous lacèrent, tout est réuni pour un moment décoiffant. Le public ne s’y trompe pas, la salle est archibondée.
Soulignons aussi la prestation de Toine Thijs, le sympathique sax bruxellois. Il est notamment accompagné de son fidèle comparse Arno Krijger à l’orgue Hammond et pour l’occasion le talentueux guitariste Hervé Samb. Ils nous proposent un jazz mélodieux aux senteurs africaines.
Nous avons également apprécié la superbe voix de Champian Fulton qui nous présente un jazz plus classique.
Enfin, une programmation atypique dans ce festival jazz : Camille, la chanteuse française et son univers envoûtant. Son spectacle est avant tout visuel, fait de belles mises en scène recherchées. Seul bémol, son petit problème de santé, sa voix un peu voilée ce soir mais qui ne l’empêche pas de délivrer tout son dynamisme et son énergie sur scène.
Carton plein pour les organisateurs avec plus de 12000 festivaliers sur les 4 jours. Après le déménagement du mythique Palais des Congrès pour le cœur de Liège en 2016, le festival reprend son rythme de croisière. Cela augure encore de belles années pour le festival !
