Auteur : Jean-Yves Delitte
Editions : Casterman
Sortie : mai 2014
Genre : Polar, historique
Avec La Vengeance de Yama, le peintre officiel de la Marine belge Jean-Yves Delitte partage une fois de plus avec ses lecteurs son amour des navires d’époque et de voyages. Cette aventure-ci vous fera naviguer entre deux univers séparés par des milliers de kilomètres. D’un côté, l’on découvre Batavia dans les années 1640. Au sein de cette ville javanaise fraichement renommée par les Hollandais, James Eddington enquête sur les mystérieuses circonstances entourant la disparition de Sir Francis Edgar Mac Laury. Vingt ans plus tard, c’est dans le Royaume d’Angleterre que nous débarquons en compagnie d’Arthur J. Joyce Byron Pike. Major de la police du roi à York, celui-ci part à la recherche d’indices permettant d’élucider le meurtre de trois hommes dont les cadavres démembrés viennent d’être retrouvés. Deux histoires policières donc, qui se lient à la faveur du carnet de voyage d’Eddington retrouvé dans le manoir familial du major, tandis que, à l’arrière-plan, se dessine l’ombre frauduleuse de la VOC, la célèbre compagnie néerlandaise des Indes orientales, dont il reste encore tout à découvrir sur l’implication réelle dans les drames à l’origine des enquêtes…
Ce polar exotique est servi par un véritable souci du détail qui se manifeste à travers la netteté du dessin et les recherches documentaires réalisées par Jean-Yves Delitte. Si l’auteur ne prétend pas réaliser ici de BD historique, il semble bien renseigné sur la VOC, base certaines planches présentant Batavia sur des plans urbanistiques d’époque et donne, au détour de dialogues entre l’un ou l’autre personnage, des informations techniques étonnantes de véridicité. Dans ce foisonnement de détails, les lecteurs apprécieront particulièrement les escales inattendues auxquelles invitent les planches pleines pages.
Le scénario de cette fiction documentée bénéficie également dans son orchestration d’une pointilleuse recherche. Jean-Yves Delitte prend en effet soigneusement le temps de camper son intrigue, au risque de perdre du rythme. Si l’auteur n’arrive pas pleinement à nous embarquer dans son univers masculin, gageons que les tomes suivant verront plus étroitement les deux fils de l’intrigue se tisser et se tendre tout à la fois…