Under the Tree
de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson
Drame
Avec Edda Björgvinsdóttir, Steinþór Hróar Steinþórsson, Sigurður Sigurjónsson, Þorsteinn Bachmann
Sorti le 9 mai 2018
Passé par Venise et Toronto, le troisième film de l’Islandais Hafsteinn Gunnar Sigurðsson est ce que l’on pourrait communément appeler un film de festivals, appartenant donc à cette catégorie de films qui semblent avoir été conçus et produits dans le but principal d’être sélectionnés dans divers festivals afin d’y gagner des galons et de s’y faire connaître, pour être par la suite distribués dans les salles précédés, dans le meilleur des cas, d’une rumeur festivalière favorable. Si ces films souffrent souvent de tares récurrentes et d’une certaine forme de formatage, on n’est heureusement pas à l’abri de quelques bonnes surprises et Under the Tree se trouve être l’une d’entre elles.
Mis dehors par sa femme qui l’accuse de l’avoir trompée, Atli trouve refuge chez ses parents, pour se retrouver plongé au milieu d’une guerre de voisinage entre ceux-ci et leurs voisins directs, avec comme élément déclencheur l’arbre des uns faisant trop d’ombre aux autres. Alors que la situation dégénère, autant dans la vie de couple d’Atli que dans le problème de voisinage, des événements étranges commencent à se produire.
De ce postulat de film-chorale, on peut attendre une sorte de jeu de massacre allant crescendo, le résultat pouvant être tout autant jouissif que bêtement provocateur. Là où le film arrive à tirer son épingle du jeu dans le maniement du genre, c’est qu’il instille une dimension subtilement fantastique dans son déroulé scénaristique bien huilé, au point de rendre possible l’hypothèse d’un film de fantômes.
En effet, les petits événements déclencheurs, ceux qui président aux changements de direction des destins respectifs des personnages, semblent souvent être déterminés par des détails arbitraires, voire inexpliqués, qui pourraient tout bonnement être le fait d’entités surnaturelles. Cette thèse semble d’ailleurs accréditée par l’évocation d’un personnage décédé dont le spectre continue de planer au-dessus de la famille d’Atli de manière envahissante, ou encore par les images d’une caméra de surveillance dans lesquelles on recherche une explication à l’inexplicable, comme le font par exemple les personnages de Paranormal Activity.
Par ces petites bizarreries, Under the Tree évoque des films analogues sur l’invasion domestique, tels que Borgman d’Alex van Warmerdam, voire même le Théorème de Pasolini. Si le film de Sigurðsson n’atteint pas le même niveau de critique métaphorique et politique que ces modèles, il a en tout cas le mérite de vouloir dépasser les clichés et autres passages obligés du film de festivals pour s’élever au-dessus d’un simple film coup-de-poing sûr de ses effets, et cela malgré un final un peu trop « malin », qui tombe malheureusement dans ces travers.