Love Addict
de Frank Bellocq
Comédie
Avec Kev Adams, Mélanie Bernier, Marc Lavoine
Sorti le 9 mai 2018
Kev Adams fait son retour au cinéma dans une comédie romantique très convenue et pas vraiment renversante signée Frank Bellocq. On le retrouve cette fois-ci dans la peau d’un serial dragueur mis à mal dans sa carrière professionnelle, en quête de solutions pour mieux contrôler ses dérapages sexuels.
Gabriel est un séducteur compulsif. Il ne peut s’empêcher de multiplier les conquêtes. Au boulot, cela lui joue de vilains tours. Sa réputation sulfureuse le fragilise fortement au point de lui en faire voir de toutes les couleurs sur le marché de l’emploi. Après plusieurs thérapies infructueuses pour réfréner ses ardeurs, il décide vainement de recourir aux services d’une agence de « Minder », une sorte de coach à l’ère du 2.0. Et c’est Marie-Zoé, une ancienne psychologue aux méthodes musclées qui va prendre son cas en main pour le meilleur et pour le pire.
Kev Adams en tombeur avec du sex-appeal à revendre… On doit bien l’avouer, il faut se forcer un peu pour y croire. Mais passons et n’essayons même pas de le comparer à Ryan Gosling qui nous semblait plus crédible sous les traits d’un charmeur invétéré dans la comédie bien frappée Crazy, Stupid, Love. Ici, le personnage de Gabriel relève plus du doux rêveur sympathique que du prédateur sexuel. Histoire de tuer dans l’œuf toute polémique dans le contexte hautement sensible de l’affaire Weinstein et des mouvements « balance ton porc » et «≠MeToo ».
Dans Love Addict, il n’y a pas de traitement frontal du séducteur compulsif et de son addiction sexuelle comme c’était le cas dans Don Jon. Le mot « sexe » est d’ailleurs prononcé à la va-vite et les dialogues n’ont pas grand-chose de subversif. Tout est formaté pour répondre au genre de la comédie romantique bien lisse avec un retour à un certain ordre moral et aux bons sentiments.
On pointe inévitablement des faiblesses dans les ressorts narratifs cousus de fils blancs et ponctués de quelques séquences improbables. Dans ce canevas classique gravitent tout de même des personnages secondaires loufoques qui donnent un peu de sel au récit. A commencer par Marc Lavoine, impressionnant en tonton qui fait de la résistance, sorte de Casanova à l’esprit fantasque totalement débridé. La jeune et pétillante Mélanie Bernier, habituée au genre romantique, fait le job en coach redoutable et s’en tire avec une mention plus qu’honorable dans le duo qu’elle forme avec Kev Adams. Le groupe de geeks puceaux apporte, quant à lui, quelques dialogues décalés qui ne se refusent pas. Mais on se demande encore toujours ce qui a poussé Michael Madsen (Reservoir dogs, Kill Bill) à faire partie du casting pour y interpréter un patron américain lourdingue.
Bref, Love Addict est une rom-com qui se laisse regarder sans (trop de) peine mais qui manque singulièrement de finesse et de mordant pour qu’on tombe véritablement sous son charme.