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    Fernand Léger – Beauty is everywhere du 9 février au 3 juin 2018 au Bozar

    Fernand Léger pourrait se définir de bien des manières mais s’il fallait n’en garder qu’une seule, ce serait peut-être cette capacité à traverser son époque tout en gardant la même influence artistique durant près d’un demi-siècle. Ce qui n’est pas rien surtout au vu du monde assez fermé dans lequel il évolue. Une époque qui suit de près la fin de la Première Guerre mondiale à laquelle il participa et où il fut stupéfait par la puissance des machines de guerre. Ensuite l’urbanisation et les moyens de transport se développeront de manière très rapide et ces avancées technologiques transforment profondément tant le visage des villes que les gestes de la vie quotidienne. C’est l’époque où l’on quitte les champs pour trouver du travail en ville où les projets de construction sont légion.

    Fernand Léger, Elément mécanique, 1924, Huile sur toile, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris

    Conscient du changement qui est à l’oeuvre, Fernand Léger sera guidé toute sa vie par sa représentation mais une représentation morcellée et géométrique. Il joue sur l’opposition chromatique de grands aplats de couleurs, rejette la perspective et éclate les formes. Ce sont tous des critères qui définissent en partie le mouvement cubiste mais Fernand Léger le développera jusqu’à glisser petit à petit dans l’Abstraction.

    Fernand Léger, Composition sur fond vert, 1929, Huile sur toile, Collection Maeght, Paris

    Peintre de la modernité, il sera toute sa vie attirer par d’autres formes d’art telle que la photographie pour la poésie qui peut se dégager des formes de la nature. Il s’illustre aussi dans la création de décors et de costumes de scène pour des ballets qu’il perçoit comme une extension de sa peinture mise en mouvement et en musique et enfin, il sera également très actif dans le cinéma et réalisera lui-même le film Ballet mécanique en 1924.

    Fernand Léger, Charlot cubiste, 1924, éléments en bois peint, cloués sur contreplaqué, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris

    Dans la dernière partie de sa vie, il se donne pour but de rendre la peinture moderne plus populaire. Il participera à quelques travaux avec différents architectes pour amener un peu de couleurs dans la vie urbaine et cette même vie urbaine sera retranscrite dans ses peintures où il cherche à allier des sujets populaires avec une esthétique moderne pour les rendre plus intelligibles et plus percutantes puisqu’il choisit de les peindre sur une série de tableaux de grandes dimensions.

    Fernand Léger, Composition aux deux perroquets, 1935-1939, Huile sur toile, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris

    Fernand Léger, qui enseignera aussi la peinture pendant une trentaine d’année, fut donc un artiste de la modernité qui sans jamais avoir arrêté d’être peintre a tenu à explorer tous les champs de la création artistique. C’est pourquoi il est si difficile de le catégoriser dans un mouvement en particulier parce qu’il se révèle d’un peu de chacun. Sa plus grande bataille aura finalement été de rendre la peinture accessible à tous en intégrant les changements de l’urbanisation dans son oeuvre.

    Fernand Léger, Les Constructeurs (état définitif), 1950, Huile sur toile, Musée national Fernand Léger, Blot

    On se souviendra dès lors d’un florilège de formes géométriques colorées, passant par la désagrégation des formes et des couleurs pour reprendre plus de consistance par la sculpture pour finir par réintégrer le tout dans des toiles qui deviennent monumentales et dans un style qui n’appartient qu’à lui. Fernand Léger – Beauty is everywhere est une exposition très bien construite et qui a réussi à rassembler des oeuvres du peintre qui s’étalent sur cinq décennies ce qui en fait une rétrospectve très complète. Si vous aimez l’art moderne, vraiment ne tardez pas à la découvrir : vous avez jusqu’au 3 juin !

     

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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