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    « Regards sur Rome » et le cinéma italien à la Boverie

    Dans le cadre de l’exposition Viva Roma ! qui aura lieu du 24 avril au 26 août 2018, le musée de la Boverie de Liège organise un cycle consacré au cinéma italien. Toutes les deux semaines seront ainsi diffusés des classiques du Septième Art italien : Fellini, De Sica, Pasolini, Scola, Moretti pour les plus célèbres, De Paolis, Verdesca et Ferrente pour les plus récents.

    Neuf films en version originale sous-titrée française seront ainsi projetés dans l’auditorium de la Boverie avec pour but de présenter le regard de différents réalisateurs italiens sur la ville de Rome, ville fantasmée et source d’inspiration inépuisable. Du bain de minuit d’Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi à la recherche désespérée de la bicyclette d’Antonio Ricci (Lamberto Maggiorani), un regard tantôt tendre, tantôt critique sera posé sur la Ville Éternelle.

    Dans ce cadre, deux réalisateurs viendront gratifier l’assemblée de leur présence : Mimmo Verdesca sera présent lors de la soirée d’ouverture, le 27 avril pour présenter Sciuscià 70, et Agostino Ferrente le 12 mai pour L’orchestra di Piazza Vittorio.

    Du 27 avril au 9 août seront donc diffusés tour à tour :

    • Le 27 avril à 19h45

    SCIUSCIÀ 70, de Mimmo Verdesca (2016, 60’) [Avant-première en présence du réalisateur].

    Prix Nastro d’Argento Speciale 2017 pour les 70 ans du Sindacato Nazionale Giornalisti Cinematografici Italiani (SNGCI)

    Film sur les enfants des rues dans l’Italie de l’après-guerre, Sciuscià (De Sica, 1946) n’eut pas le succès escompté dans son pays, mais reçut le premier Oscar du meilleur film étranger. À l’occasion du 70ème anniversaire du film, Mimmo Verdesca réalise un documentaire sur l’œuvre de De Sica, sa genèse et son tournage. Un voyage dans le temps en compagnie de Rinaldo Smordoni, qui incarnait Giuseppe, jeune cireur de chaussures.

    • Le 3 mai à 19h45

    LADRI DI BICICLETTE (Le voleur de bicyclette), de Vittorio De Sica (1948, 93’).

    Prix Oscar du meilleur film étranger, 1949 ; Golden Globe et BAFTA du meilleur film étranger 1950

    Un chef-d’œuvre indémodable du néo-réalisme italien. Chômeur depuis deux ans, Antonio trouve un emploi de colleur d’affiches, mais il se fait voler sa bicyclette, outil indispensable dans le cadre de son nouveau métier. Il entreprend de la retrouver avec l’aide de son jeune fils.

    • Le 17 mai à 19h45

    LA DOLCE VITA, de Federico Fellini (1960, 174’).

    Palme d’Or, Cannes 1960.

    L’errance d’un journaliste de la chronique mondaine dans une Rome vouée au plaisir. Marcello, journaliste autant que paparazzi (terme par ailleurs issu de ce film, du nom d’un des journalistes appelé « Paparazzo »), est à l’affût de ragots pour sa revue. Ses virées dans Rome vont l’amener à découvrir les recoins de la faune de la capitale Italienne. Radioscopie d’une époque en perdition, loin d’emboucher les trompettes moralisatrices, La dolce vita est un constat désenchanté, fébrile et bourré d’inquiétude. Un film gueule de bois, lucide et dérangeant. La mort est là, en trame omniprésente ; le temps qui passe et le questionnement sur le sens de l’existence sous-entendus en permanence.

    • Le 31 mai à 19h45

    ROMA, de Federico Fellini (1972, 115’)

    Rome d’hier et Rome d’aujourd’hui. Fellini, pressé par ses étudiants de signer un cinéma engagé, se penche sur Rome, sa ville d’adoption. Sur la cité antique des souvenirs scolaires, d’abord, celle de la Louve et de Néron, des gladiateurs de cinéma qui côtoyaient, dans les salles obscures, les fascistes des actualités. Sur la Rome de son adolescence, ensuite, qu’il éprouva dès son arrivée dans la capitale, au sein d’une pittoresque pension de famille dominée par l’imposante et impotente «mamma». Peuplée des truculents clients des trattorias, des spectacles minables du music-hall Jovinelli, cette Rome-là fut aussi, pour le jeune provincial de Rimini, le site des premiers désirs amoureux, apaisés dans des maisons plus ou moins accueillantes, sous les grondements des alertes aériennes et des échos de la guerre…

    • Le 14 juin à 19h45

    BRUTTI, SPORCHI E CATTIVI (Affreux, sales et méchants), d’Ettore Scola (1976, 115’).

    Prix de la mise en scène, Cannes 1976.

    En posant sa caméra dans les bidonvilles romains des années 70, Ettore Scola s’insinue dans le quotidien sordide des indigents ; il scrute la lie de la société – des pauvres concupiscents et sordides – jouant de la promiscuité et du rapport dégénéré entre les membres d’une famille « affreuse, sale et méchante ». Ne cherchant pas à embellir ou à idéaliser le microcosme des poubelles, le cinéaste italien se délecte de personnalités hautes en couleur qu’il renvoie de manière très organique aux ordures, au sens propre et figuré. « De la misère naît l’immondice » semble vouloir nous dire Ettore Scola dans une satire politiquement incorrecte qui sonde les tréfonds de l’âme humaine avec une délectation jouissive. Le culte du culte !

    • Le 28 juin à 19h45

    CARO DIARIO (Journal intime), de Nanni Moretti (Italie, France, 1993, 100’).

    Prix de la mise en scène, Cannes 1994.

    « Quel plaisir de me promener l’été, dans Rome déserte, de passer d’un quartier à l’autre, de visiter des appartements sous prétexte de repérages. » Nanni Moretti

    Trois pages d’un journal où Moretti se raconte : entre fable et documentaire, il évoque les façades romaines, la mort de Pasolini, l’Italie parcellisée, la télévision, et enfin, son face à face avec le corps médical. Ce film constitue un genre particulier d’œuvre autobiographique. Si son titre suggère d’emblée cette clé d’interprétation, il s’agit également d’un récit de voyage à la première personne qui prend souvent une véritable allure de road movie, un voyage auquel les étapes, les haltes, les arrêts donnent toute sa signification.

    • Le 12 juillet à 19h45

    L’ORCHESTRA DI PIAZZA VITTORIO d’Agostino Ferrente (2006, 93’).

    Golden Globes, Italy 2007 : Special Award Stampa Estera ; Prix Spécial Rencontres du Cinéma Italien de Toulouse, 2008.

    En présence du réalisateur. Ce documentaire raconte la création de l’orchestre « di Piazza Vittorio », par Mario Tronco, musicien du groupe « Avion Travel », et Agostino Ferrente.

    En 2001, Agostino Ferrente, documentariste engagé, crée le collectif Apollo 11 pour sauver un cinéma-théâtre historique de sa transformation en salle de jeux. C’est avec cette association et Mario Tronco, clavier du groupe Avion Travel, qu’il se lance dans un projet fou : créer un orchestre regroupant des musiciens et chanteurs du monde entier, L’Orchestra di Piazza Vittorio. Nul Italien n’ignore la signification symbolique de la piazza Vittorio Emanuele, dans le quartier de l’Esquilino à Rome, lieu d’une immigration problématique pour certains et instrumentalisée comme telle par un pouvoir xénophobe et raciste. Pendant cinq ans, le cinéaste filme la réalisation de ce projet insensé pour en tirer ce beau documentaire. L’Orchestra est une œuvre citoyenne et humaine.

    • Le 26 juillet à 19h45

    CUORI PURI de Roberto De Paolis (2017, 115’) [Avant-première].

    Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2017.

    Agnese et Stefano, 18 et 25 ans, vivent à Rome dans deux mondes que tout oppose. Elle est couvée par une mère qui lui demande de faire vœu de chasteté jusqu’au mariage ; il vit de petits et vols occasionnels, dont il veut s’affranchir en acceptant un travail de vigile. Leur rencontre va ébranler leurs convictions… Les « cœurs purs » du film sont aussi déterminés, peu enclins au mystère, non disposés à devenir autre chose que ce qu’ils sont. Ce sont des « cœurs parfaits », qui vont devoir sortir de leurs cages de verre. Le besoin d’échapper à eux-mêmes les amène à converger l’un vers l’autre. Pour s’aimer, pour se confronter à eux-mêmes aussi, ils devront accepter de corrompre leur idéal de pureté́.

    • Le 9 août à 19h45

    MAMMA ROMA de Pier Paolo Pasolini (1962, 106’).

    XXIIIe Mostra de Venise.

    En 1962, un an après ses débuts au cinéma avec Accattone, Pasolini donne naissance au second opus de son œuvre, Mamma Roma : une prostituée d’âge mûr, soudain libérée de son souteneur, s’installe avec son jeune fils dans un quartier populaire de Rome. Alors qu’elle nourrit des espoirs de réussite pour son fils, celui-ci commence à traîner avec les jeunes désœuvrés du quartier… Les borgate, ces « faubourgs » de la banlieue de Rome où dans l’après-guerre s’amassent la population chassée du centre-ville par la politique de grands travaux fascistes et les premières vagues d’immigrés venus du sud de l’Italie, en constituent, plus que le décor, le véritable point focal. Cet « envers » de Rome et son humanité archaïque constituent l’ancrage poétique au sens large de la production pasolinienne à partir de la moitié des années 1950 jusqu’au début des années 1960.

    Regards sur Rome

    Du 27 avril au 9 août 2018

    Auditorium de la Boverie

    Parc de la Boverie, 3

    4020 Liège

    Entrée : 5€

    Regards sur Rome est un cycle organisé par la Ville de Liège en collaboration avec l’Institut italien de la culture de Bruxelles et la fondation Euritalia. Ce projet est porté par Geoffrey Schoefs, chargé de projets aux musées de la Ville de Liège, et Domenico Simone, membre de la fondation Euritalia et membre du groupe cinématographique UCCA.

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