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    Arcade Fire a réussi son crochet au Sportpaleis

    Everything Now, nul n’est prophète en son pays

    Récemment sacré meilleur album canadien de l’année aux Juno Awards 2018, Everything Now du groupe montréalais Arcade Fire a semble-t-il trouvé une place dans le cœur des fans, après avoir fait couler beaucoup d’encre. En effet, à la sortie de l’album en juillet 2017, les critiques étaient assez acerbes concernant la nouvelle création du couple Win Butler et Régine Chassagne. Ces dernières jugeant l’album trop pop, soufflet ultime pour une formation indé.

    Deux mois plus tard, à l’entame de leur Infinite Content Tour au Centre Vidéotron de Québec, Arcade Fire faisait face à une véritable débâcle pour un groupe de cette envergure avec une maigre assistance de seulement 5.000 personnes, soit une salle remplie au quart. Une inquiétude qui se prolongera quelques jours plus tard au Centre Bell de Montréal, même si le chiffre des ventes était clairement plus encourageant : 14.000 spectateurs pour une capacité de plus de 20.000 places.

    Le public belge a répondu présent au Sportpaleis

    Hier soir, c’est donc avec une certaine méfiance que nous nous apprêtions à admirer l’étape belge de l’Infinite Content Tour. Car, même si le Sportpaleis affichait sold out, des doutes subsistaient quant à la capacité du groupe à tenir une assistance en haleine avec un album décrié et comportant si peu de tubes. C’est un fait, Everything Now a clairement assis sa réputation grâce à son titre éponyme, travaillé avec Thomas Bangalter du duo Daft Punk. Mais grâce à une mise en scène soignée et une setlist habile, Arcade Fire a réussi un sacré tour de force.

    Et pour cause, dès le début du show, les artistes ont fait une entrée digne des plus grands combats de boxe de Las Vegas. Traversant le public de part en part pour atteindre la scène centrale et enjamber les cordes qui les installaient sur une sorte de ring, le groupe a fait monter la pression d’emblée, galvanisant une assistance qui n’en demandait pas tant pour laisser exploser sa joie. Une euphorie collective qui atteindra rapidement son acmé grâce à l’envoi d’une première salve : le morceau Everything Now que tout un chacun fredonnait déjà devant les portes de l’antre anversois.

    Les morceaux se sont alors enchaînés à un rythme effréné, sans temps mort ni baisse de régime. Mais là où le groupe a frappé fort, c’est dans le dosage savamment orchestré de sa setlist. De fait, là où de nombreux performers auraient égrené les plages du nouvel album avant de revenir aux valeurs sûres, Arcade Fire a mixé les tubes pour mieux y distiller les morceaux plus singuliers de Everything Now. Sans s’en rendre réellement compte, le public s’est à chaque fois relancé sur une plage de Funeral, de Reflektor ou de The Suburbs. Le tout auréolé d’un jeu de lumière alternant laser lights et boules à facettes.

    Et comme un dernier round gagné par K-O, l’arrivée du Preservation Hall Jazz Band, tout comme l’hommage remarqué à la chanteuse Dolores O’Riordan, ont ajouté une pincée de piment à une soirée décidément riche en émotions.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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