Retrouvez en conclusion de cette édition du BIFFF ce qui a fait vibrer ou ce qui a agacé nos journalistes envoyés sur place. Des tops, des flops et des notes à gogo, c’est parti !
Le Top 5
- Human, space, time and human
- Baahubali 2 : The conclusion
- Ederlezi rising
- Before we vanish
- Wrath of silence
Une fois n’est pas coutume, le BIFFF aura à nouveau permis de faire de belles découvertes, en présentant des films d’origines et d’inspirations très variées, d »où un top qui mêle allègrement plusieurs genres (fantasy, drame, comédie, science-fiction, thriller). On retrouve en première position, LE film qui n’aura laissé personne indifférent, à savoir Human, space, time and human de Kim Ki-duk. En piégeant plusieurs personnes sur un navire datant de la seconde guerre mondiale transformé en bateau de croisière, le metteur en scène scrute ce que l’humanité à de plus sombre. En résulte un jeu de massacre d’une misanthropie et d’un pessimisme tout à fait pertinents. Un film jusqu’au boutiste à peine éclairé par de brèves percées de lumières, ainsi que par une poésie qui trouve son chemin jusqu’au sein de l’horreur absolue. Une grosse claque, qu’on aime ou qu’on déteste ! Ensuite, changement d’ambiance et grosse respiration avec Baahubali 2 : The conclusion, de S.S. Rajamouli, qui était très attendu. Disons-le tout de suite : le long-métrage répond clairement aux attentes et vient clôturer l’histoire de la meilleure façon possible, en se révélant jubilatoire d’un bout à l’autre, drôle et énergique au possible, tout en n’oubliant pas de laisser de la place à une émotion pure. Un film épique, et une séance à la hauteur (sans hésitation la meilleure de cette année), portée par un public dévoué vibrant à l’unisson. Est-il besoin de préciser qu’on attend le prochain film du réalisateur d’Eega de pied ferme ? Autre registre avec Ederlezi rising. Ce film de science-fiction serbe qui interroge notamment les rapports de soumissions entre un homme et une androïde parvient à captiver sur toute sa durée, en misant sur une ambiance trouble tout en évitant d’être malsain gratuitement. Porté par deux acteurs investis (Sebastian Cavazza et Stoya) et par une réalisation qui sait tirer parti d’un budget qu’on imagine pas énorme, le premier long-métrage de Lazar Bodroza donne particulièrement envie de suivre sa carrière de près. Restons dans la SF pour la quatrième place, à laquelle nous retrouvons Before we vanish de Kiyoshi Kurosawa. Mêlant intimement comédie et drame, le nouvel effort de l’auteur de Cure lui permet de livrer une relecture décalée et vraiment touchante de L’invasion des profanateurs de sépulture, grâce notamment à des personnages attachants et forts bien écrits. Last but not least, Wrath of silence se pose quant à lui comme un thriller d’une efficacité redoutable. Prenant son temps pour installer ses différents protagonistes, le film de Yukun Xin mixe les genres (drame, action, policier) et gagne peu à peu en intensité jusqu’à un final doublé d’une critique sociale virulente qui laisse à bout de souffle.
Le Flop 5
Cette année, la sélection aura été de bonne qualité, et très peu de long-métrages se seront avérés réellement pénibles à visionner, donc le top flop de cette année s’articulera plutôt autour du signe de la déception. Sur la première marche du podium : Hunting Emma. Derrière le script rebattu de ce survival, on retrouve pourtant Deon Meyer. On attendait mieux de la part de cet auteur de romans policiers pourtant solides que ce scénario banal peu inspiré et aux multiples baisses de rythmes, desservi qui plus est par une mise en scène au final assez plate. En seconde position, Muse vient nous rappeler qu’un bon réalisateur ne suffit pas à faire un bon film. Dû au pourtant doué Jaume Balagueró (à qui l’on doit notamment le parfaitement recommandable Malveillance, pour n’en citer qu’un) se prend cette fois-ci les pieds dans le tapis. La faute incombe à un scénario à côté de la plaque qui ne réussit jamais à exploiter convenablement ne serait-ce qu’un minimum le potentiel de base d’un concept pourtant alléchant (les muses ayant inspiré divers artistes existent réellement, et n’ont pas forcément que de bonnes intentions). Le traitement de la lecture de poèmes qui provoque des effets physiques dévastateurs frôle le ridicule et le twist final est grillé plus rapidement qu’une clope de journaliste à la bourre entre deux projections. Dommage. Changement d’ambiance, mais malheureusement pas de qualité avec Downrange, le nouveau Ryuhei Kitamura. Les personnages stupides et les rebondissements peu folichons génèrent l’ennui sur la plupart de la durée d’un long-métrage au demeurant assez court. La réalisation inspirée, les effets gores et une dernière partie au-dessus du reste compensent un peu le désastre, mais malheureusement pas assez. Quatrième du classement, The thousand faces of Dunjia n’arrive jamais à retrouver l’énergie d’un début pourtant prometteur. Se reposant trop sur des CGI à la qualité variable, le film se révèle un poil longuet mais surtout bien moins enthousiasmant que ce que l’on était en droit d’attendre de l’association Yuen Woo-Ping (à la réalisation)/Tsui Hark (en tant que producteur). En dernière position, Trauma, vendu comme le choc de cette année. Si un réalisateur à tout à fait le droit de faire appel à une violence extrême, il faut tout de même veiller à l’utiliser de manière utile à l’ensemble du projet. Ici, s’il y a bien deux scènes réellement dérangeantes, la tension qu’elles génèrent finit toutefois par se perdre dans un scénario qui reprend les défauts du Sendero du même réalisateur. À savoir quelques personnages mal écrits aux réactions incompréhensibles, des rebondissements aux ficelles par trop voyantes et un concept de base exploité de manière bien trop sommaire. Dommage, car la réalisation se montre parfois assez inspirée et que la première partie réussit à générer une ambiance réellement glauque qui ne demandait qu’à être pleinement exploitée.
Au final, si les films de ce flop n’ont pas répondu aux attentes qu’ils généraient, ils n’en demeurent pas moins regardables. La vraie déception vient du fait que le BIFFF soit fini, ce qui induit un retour à la vie normale, alors qu’on commençait à peine à s’habituer au rythme des projections (très peu de siestes impromptues en fin de deuxième semaine). Je vais donc devoir faire semblant de reconnaître mes proches en allant les retrouver, et cesser de caser des vannes douteuses dans tous mes articles. Snif. Je serai toutefois accompagné dans cette difficile épreuve par les souvenirs émus d’une bonne édition du festival. Merci encore à toute son équipe, ses bénévoles et son service presse, ces inconscients qui ne se doutaient pas un seul instant du compte-rendu foutraque qu’on allait leur fourguer, ainsi qu’à nos lecteurs, qui ne nous ont pas abandonné alors qu’on à quand même réussi à caser un roman photo, une recette de cuisine et des voisins (de siège comme d’appartement) peu recommandables. Vous avez tous la bise de Norbert et Kévin qui se sont finalement rencontrés et sont depuis passé numéros un sur la liste des criminels les plus recherchés au monde.
Les notes des films vus !
Corbin Nash : À peine moins long et pénible qu’une discussion tuning avec Kévin. Et le bougre n’y connait que dalle !
Downrange : Les McGyvers version Lidl peinent à retenir l’attention, mais Kitamura filme le tout comme s’il tenait le script du siècle ! Ça compense un peu.
Hunting Emma : Vous aimez les survivals ? Si oui, vous avez déjà vu ce film ailleurs. En mieux.
Muse : Une idée de base originale tellement mal exploitée qu’on dirait un ersatz de Twilight et consorts. Quelques scènes réussies évitent cependant le désastre total.
Charismata : Un bon début et une fin surprenante. Il aurait juste fallu mettre des trucs entre.
Cop baby : Une première partie peu inspirée qui se mue peu à peu en comédie énergique et attachante.
Dhogs : Je ne me suis pas endormi devant. J’aurai dû.
The thousand faces of Dunjia : On attendait plus de l’association Yuen Woo-ping/Tsui Hark. Déception !
Trauma : Un cran au-dessus de Sendero (du même réal). Mais vu qu’il était nul, celui-là reste quand même pas terrible…
Double date : Comédie sympathique à défaut d’être véritablement aboutie.
Double plus ungood : Comme notre délire avec Norbert : pas toujours compréhensible, mais plutôt sympathique.
New trial : Trop long et parfois répétitif, mais pas inintéressant.
Tragedy girls : Plutôt amusant et original malgré des clins d’œil trop appuyés.
Along with the gods : Le blockbuster à son meilleur malgré un basculement mal géré vers une partie plus dramatique.
Bees makes honey : Touche un peu à tout avec plus ou moins de réussite (comme Norbert dans une garderie). Plutôt original et assez attachant.
Beyond skyline : Après un début poussif, le film mixe avec bonheur kaijû eiga, invasion extraterrestre et arts martiaux. Amusant.
Memoir of a murderer : Assez classique mais plutôt prenant.
Mon Mon Mon Monster : Sous ses faux airs de manga live, une critique sociale sacrément sombre. Une bonne surprise !
Monster hunt 2 : Un épisode de transition amusant mais pas vraiment inoubliable.
RV Resurrected victim : Un concept original plutôt bien exploité. Pas mal.
Blue my mind : Cette chronique adolescente mâtinée de fantastique sonne au final assez juste.
Inuyashiki : Shinsuke Sato sait décidément adapter des mangas !
The nightmare : Parfois un peu hermétique, mais intéressant et stimulant !
Wrath of silence : Prend son temps pour faire monter la sauce et décupler son impact. Pari gagné !
Before we vanish : Les profanateurs de sépulture revus sous un angle décalé et intelligent. Une réussite !
Ederlezi rising : Le voyage valait sacrément le détour ! (jamais deux sans trois)
Baahubali 2 : The conclusion : Parfait pour le BIFFF, et pas loin de l’être tout court.
Human, space, time and human : Sombre, nihiliste et dérangeant comme une soirée diapo chez Norbert. LA claque du BIFFF.