Cache-cache dans les tranchées
Un peu de The Bunker, un peu de La Grande évasion, un peu de Dead Snow, c’est ce que nous promet Trench 11. Si ce film reprend le principe de l’Allemand méchant qui va se transformer et bouffer les gentils dans un milieu claustrophobique, il marque son originalité en choisissant de traiter son sujet au milieu des tranchées de la Première Guerre mondiale. Un militaire canadien spécialisé dans l’exploration des tunnels est recruté au sein d’une escouade, pour découvrir quel secret les Allemands cachent dans la fameuse tranchée 11. Et évidemment, c’est le drame. Surtout que les Allemands reviennent pour tout faire exploser et faire comme si rien n’avait existé. Ce film est de prime abord intéressant, de par son sujet et par son traitement : l’univers de la WW1 est plus qu’intéressant. Malheureusement, même si rien n’est vraiment mauvais, le film ne décolle jamais : les acteurs manquent de charisme et aucune tension n’est palpable tout au long du long métrage. Ce qui est un comble pour un film d’horreur. On trouvera plus de suspens dans Cheval de guerre de Spielberg. L.S.
Mais … mais … c’est pas la canicule pourtant !
Inspiré de L’invasion des profanateurs, The Year of the Plague exploite à nouveau l’invasion discrète d’extraterrestres. Tout débute convenablement : un acteur principal misanthrope mais malgré tout sympathique, quelques pointes d’humour et deux jolies nanas pour faire les plantes. Les E.T. clonent les gens en bonne santé et nient ceux qui n’ont pas une assez bonne enveloppe corporelle : vieux, malades, leucémiques, femmes enceintes, etc. Et les papys et les mamys commencent à sauter par les fenêtres. Il est temps pour notre héros de ne pas se laisser faire et de trouver le moyen de dégager ces emmerdeurs.
On fait tout pour apprécier le film de C. Martin Ferrera, car on sent bien la volonté de bien faire malgré un manque de moyens flagrant. Mais au fur et à mesure où rien ne se passe, que les eucalyptus censés contaminer les gens sont minables, que les scènes d’actions sont expédiées et filmées pour cacher le manque de sousous, on finit par être lassé du postulat voulu par le réalisateur. Reste des acteurs qui y croient et une heure et demi de péloche sans ronfler. Mais faut quand même se rendre compte que si les vieux se sont suicidés, c’est qu’il y a une raison. L.S.
How to Talk to Girls at Parties, les Raëliens sont de retour !
Pour quelqu’un qui n’a jamais pris de psychotrope, la programmation de la salle Ciné 1 paraissait hier assez bizarre. Pour les autres, il s’agissait probablement d’une retranscription cinématographique de leurs transes passées. How to Talk to Girls at Parties, au-delà de son titre trop long à retenir, fût probablement le very good trip de la soirée, avec ses extra-terrestres pervers et ses punks déjantés. Une projection assez attendue, car il n’est pas fréquent de voir un film sélectionné à Cannes débarquer au BIFFF. Et quand vous ajoutez à cela Elle Fanning et Nicole Kidman au casting, la carte de visite est plus qu’alléchante.
Alors, vous vous demandez certainement pourquoi Nicolas Kidman, actrice oscarisée, s’est lancée dans un film aussi fou ? C’est là qu’intervient mon voisin Norbert qui, pour vous lecteurs, a couché avec l’assistant de production pour obtenir le mail envoyé par le réalisateur John Cameron Mitchell à Nicole Kidman, un soir de pleine lune, en 2015 :
« Salut Whoopi, Sharon, Julia, Judi, Nicole,
Je sais que tu as perdu pas mal de crédibilité à cause de mon film « Rabbit Hole », mais cette fois, j’ai un GRAND rôle taillé pour toi ! Je t’explique !
C’est l’histoire d’un trio de punks dans les années 70 qui se retrouve dans une soirée d’extra-terrestres. Les extra-terrestres sont habillés en latex et, pour que les spectateurs idiots comprennent bien, ils ont des codes couleur en fonction de leur team. Il y a, par exemple, une équipe de contre-ténors, une équipe d’équilibristes et une équipe de chauds lapins avec des tétons en valve de semi-remorque. Pour se reproduire, ils fistent les êtres humains. Mais une extra-terrestre, avec des yeux en boule à neige et une fâcheuse tendance à vomir dans la bouche de ses prétendants, va s’échapper pour être initiée au punk. Et c’est là que tu interviens !
Génial non !? »
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Norbert nous a également procuré la réponse de Nicole Kidman.
« Kikou John,
Le début de l’histoire me rappelle mes soirées « Fuck Me, I’m Scientologist » avec Tom et la fin me rappelle ma relation avec Keith !
C’est d’accord !
Kiss kiss »
Voilà, chers lecteurs, vous savez tout ! M.M.
Who let the Dhogs out ?
Après le très recommandable The Nightmare, voici venir un autre film à l’approche quelque peu conceptuelle, à savoir Dhogs. Le long-métrage tient son titre de la contraction de « dogs » (chiens ») et de « hogs » (« porcs »), soit des animaux sensés symboliser respectivement la soumission et la perversion. Ce qui nous fait une belle jambe au vu du résultat final. Découpé en 3 chapitres, le film suit plusieurs personnages, dont certains seront amenés à se croiser, avec des conséquences parfois funestes. Commençant de manière classique, Dhogs se voit peu à peu parasité par quelques passages plus abstraits qui n’hésitent pas à verser dans l’absurde. Si le procédé intrigue dans un premier temps, il finit cependant par lasser et générer un ennui poli, en ne réussissant jamais à trouver un équilibre convaincant entre réalité et décalage. La dernière partie à beau apporter son lot de réponse sur ce qui a précédé, la révélation se fait néanmoins trop tardive. Que l’entreprise tente de mettre en lumière le voyeurisme des spectateurs ou de pointer du doigt une désensibilisation à la violence, elle se révèle surtout quelque peu vaine. G.L.
“Our Time is Ruuuuuuuuuunning Ouuuuuuuut”
Vous avez adoré Time is Running Out, Starlight et Supermassive Black Hole (non ce n’est pas le titre d’un porno) ? Vous criez comme une pucelle à chaque évocation de Matthew Bellamy ? Vous n’aimez pas l’introduction de cette chronique parce que jouer sur l’homonymie entre le groupe de musique Muse et le titre du film c’est un peu facile ? C’est pas faux !
Mon voisin Norbert l’a toujours dit : méfiez-vous des femmes, surtout quand elles sont belles. Il nous disait aussi de venir jouer à cache-cache tout nus dans sa chambre mais ça, c’est une autre histoire. Samuel quant à lui aurait dû se méfier un peu plus de la gente féminine et respecter le code de déontologie professoral. Car comme le dit l’adage bien connu : « Qui bascule son étudiante, doit s’attendre à ce que les muses le hantent ». Ou un truc dans le style. Réalisé par le monsieur qui a eu le bonheur de nous pondre Rec, mais le malheur de faire aussi Rec 2 et Rec Apocalypse, ce Muse revisite la mythologie ancestrale des muses de l’antiquité à grand renfort de références historiques bidons et d’avis éclairants des experts sur le sujet. Sans rire, à la fin je m’attendais presque à voir venir Stéphane Bern pour nous raconter l’histoire de la dynastie des muses à l’époque de Charlemagne.
Malgré le côté un peu prévisible du scénario (SPOILER ALERT : parce que oui, on avait quand même compris après cinq minutes que sa copine étudiante c’était une des muses) le film réussit à nous prendre très vite. Visuellement, c’est bien fait et la partition tient la route. Dommage, il lui manque quand même ce supplément d’âme qui sépare les films banals de ceux dont on se souvient. O.E.
Rendel, le Badman finlandais !
Deux trolls plus tard, direction la Ciné 2 et le film de super-héros finlandais Rendel. Dès l’entame, on comprend que le film va être long, très long. Non seulement, le costume de notre wuxia suomi a fondu dans la machine à laver, mais en plus il ne sait pas se battre, manque de souplesse et ne fait que prendre des raclées du début à la fin du film. Pour le reste, rien de bien neuf sous le cercle arctique : les méchants sont très méchants (pourquoi ? Parce que !) et le gentil va gagner avec l’aide d’une April O’Neil blafarde. Seuls quelques sursauts drolatiques nous ont rappelé que nous étions avant tout devant une production qui ne se prend pas au sérieux.
Pas de doute, Rendel n’est pas au niveau du bon Big Game et de l’inénarrable Iron Sky. Mais soit, l’ambiance était excellente dans la salle, ce qui nous a permis d’éviter de sombrer dans un profond sommeil. M.M.
Goule, cool, cool !
Mon Mon Mon Monster se présente avant tout comme une satire sociale féroce sur la déshumanisation de la société. Présenté comme tel, le projet pourrait paraître rebutant, mais le message sera assené à grands coups de giclées de sang et de saillies d’humour décalé. Le long-métrage s’attarde pour ce faire sur une bande de lycéens qui trouvent une créature cannibale. Ils décident de la séquestrer et d’en faire leur souffre douleur, sans se douter que cela pourrait leur coûter très cher. Si la réalisation se fait à de rares moments quelque peu brouillonne et que de légères longueurs se font sentir ci et là, Mon Mon Mon Monster n’en reste pas moins porté par une belle énergie. Celle du désespoir sans doute, vu son profond nihilisme. Sous de faux airs de bande dessinée live, le film jongle ainsi avec les émotions des spectateurs, se révélant tour à tour drôle, triste, sombre et émouvant. Cette variation venue de Taïwan sur le thème pourtant rebattu des « monstres ne sont pas ceux que l’on croit » se révèle donc plutôt réussie. G.L.
Quel est le cri de la fourmi ? Elle crohonde. Parce que la fourmi crohonde
Quand le BIFFF te promet des fourmis géantes qui bouffent des gens, tu obtiens des fourmis géantes qui bouffent des gens. Sorte de mix entre Spinal Tap et une sériez Z, ce Dead Ant annonçait la couleur d’entrée. Des anciennes légendes du metal en plein trip, des fourmis géantes qui bouffent des gens et aussi … des fourmis géantes qui bouffent des gens. Derrière ce synopsis aussi tiré par les cheveux que ta meuf en levrette (copyright Orelsan) c’est tout ce qu’on recherche dans un film de 00h30 au BIFFF : du sang, des effets spéciaux dignes des années 80, du gros WTF et surtout DES FOURMIS GÉANTES QUI BOUFFENT DES GENS. La seule chose que l’on espère à présent, c’est que les Guns N’Roses s’inspirent du film et aillent aussi faire un petit tour dans le désert. Et y restent. Pour toujours. November Rain, c’était en 1992 Axl ! Tu as fait quoi depuis ? À un moment, il faut dire stop !
Et sinon, je vous ai dit qu’il y avait des fourmis géantes qui bouffent des gens ? O.E.
Olivier Eggermont, Guillaume Limatola, Matthieu Matthys, Loïc Smars