auteur : David Grann
édition : Globe
sortie : mars 2018
genre : histoire
Qui pense indien, pense indubitablement conquête de l’Ouest et pourtant, ce n’est pas un western Fordien que nous offre à lire David Grann dans La Note américaine. Nous sommes en 1921 et le temps du Far-West est révolu. Nul ne le sait mieux que le peuple Osage, invraisemblablement à la tête d’une fortune colossale. En début de siècle, après avoir assisté aux pertes territoriales des Cherokees, les Osages décidaient d’acheter un hameau en Oklahoma dont personne ne voulait à l’époque. Et lorsque ce peuple ingénieux s’arrangeait avec l’État, il n’oublia pas de préciser que les ressources souterraines étaient siennes, au même titre que les terres. C’est ainsi que cette tribu modeste se retrouvait l’heureuse propriétaire d’un gigantesque gisement de pétrole qui, quelques années plus tard, leur rapportait des millions.
Mais la fortune entraîne bien souvent la convoitise, surtout quand il y a des tensions raciales derrière. Très vite, des Indiens commencent à disparaître. Des moyens sont déployés pour tenter de mettre un terme à cette funeste affaire qui, petit à petit, prend des proportions hallucinantes. Mais les indices manquent, les témoins sont tour à tour assassinés et avec eux s’échappe un secret bien gardé. En parallèle, une autre histoire se dessine : celle des débuts du BOI – l’ancêtre du FBI – dont l’une des enquêtes phares n’est autre que la tragédie qui s’abat sur le peuple Osage.
La Note américaine, ce n’est pas simplement un pan de l’Histoire des Amériques qui semble tout droit sorti d’un roman noir, c’est aussi le tableau d’une société qui, prise en plein dans la deuxième révolution industrielle, est avide de pouvoir et de fortune. Que ce soient des criminels ou des bureaucrates, David Grann nous dresse le portrait d’une ribambelle d’hommes blancs dont le seul souci est de devenir riches et puissants. Et si pour ce faire, il faut laisser sa morale de côté, c’est un moindre mal. En somme, l’auteur met en lumière ce que l’humain a de pire à offrir.
David Grann tient donc un excellent filon avec ce récit qui est non seulement original, mais aussi captivant. Et il faut bien le reconnaître, il exploite brillamment son sujet, en faisant un travail d’investigation on ne peut plus minutieux – en témoignent les nombreuses photos témoins récoltées et disséminées dans le livre ainsi que l’interminable bibliographie. Il n’est donc pas étonnant que le journaliste prenne le parti de l’information, laissant un peu de côté l’aspect littéraire de son œuvre. Ce qui n’est pas dérangeant et fonctionne très bien puisque le lecteur est face à une histoire vraie. Néanmoins, l’atmosphère très particulière et un peu anachronique qui se dégage de ce pan de l’Histoire – comme une ambiance de cow-boy transposée dans les années folles – aurait mérité d’être un peu plus imagée peut-être.
On devine sans mal qu’un tel scénario ne laisse pas indifférent. Non seulement, La Note américaine est arrivée finaliste du National Book Award mais en plus, Martin Scorsese a déjà décidé d’en faire l’adaptation au cinéma. Et puis, bien sûr, les jurys et le réalisateur ne sont pas les seuls à être touchés, le lecteur se plonge avec passion dans ce récit pour ne refaire surface qu’une fois le livre terminé, lorsque tous les meurtres sont élucidés.