De Jean-Marie Piemme, mise en scène de Philippe Sireuil avec Frank Arnaudon, France Bastoen, Jean-Pierre Baudson, Isabelle De Beir, Dolorès Delahaut, Sophie Delogne, Patrick Donnay, Itsik Elbaz, Soufian El Boubsi, Maude Fillon, Janine Godinas, Ben Hamidou, Agathe Hauser, Antoine Herbulot, Daniel Jeanloz, Charlotte Leblé, Stéphane Ledune, Fabrice Rodriguez, Laurent Tisseyre. Du 9 au 31 mars 2018 à 20h15 au Théâtre des Martyrs. Crédit photo : Alice Piemme
En ouverture de Bruxelles, Printemps Noir, nous voici face à un écran, sur lequel défile des brides de conversations ; les mêmes que l’on entends en off dans les haut parleurs. Trente-deux conversations : autant que le nombre de morts des attentats de Maelbeek et de Zaventem en 2016. Chacune d’elle est brutalement interrompue par un bruit sourd : la bombe.
Étonnant mais vrai, l’auteur a pensé ce projet en 2007, bien avant le attentats. Si la pièce que nous voyons ici a été réécrite au regard des événements de 2016, le propos reste le même : se questionner sur l’impact social d’un attentat. Observer, à travers 18 séquences indépendantes les unes des autres, les questionnements, les bouleversements, et les réactions qui suivent un tel événement. Comment continue-t-on à vivre ? Comment les politiques réagissent ? Quel est le rôle des médias ? Que deviennent les victimes ? Beaucoup de questions, et des scènes qui s’enchaînent pour tenter d’apporter des réponses.
L’ensemble est assez disparate, et, disons le, assez inégal. Il n’y a pas de réelle unité de ton ; l’auteur à choisi de faire cohabiter le réalisme, l’absurde, le tragique et le comique. Difficile, de fait, d’en faire une critique égale. Certaines scènes sonnent très justes, sont bien écrites et bien interprétées, et vont explorer en profondeur les interrogations que soulèvent les attentats. D’autres sont plus abstraites, plus lointaines, d’un burlesque déconcertant ou au contraire trop attendues.
On soulignera la beauté de la scénographie, sobre et efficace : des panneaux légers et amovibles, entre rideaux et cloisons, qui viennent briser, cloisonner, interrompre les scènes, et s’ouvrir sur de nouveaux fragments. L’utilisation de la vidéo a également du sens, elle permets d’alterner avec le jeu et d’offrir d’autres points de vue. Cependant, si l’on peut noter quelques procédés de mise en scène très bien trouvés et porteurs, le traitement assez froid de l’ensemble, baigné de lumières un peu crues, maintient le public a distance. On regrettera également les (trop longues) deux heures dix que dure la pièce. Enfin, l’absence d’unité, si elle permets beaucoup de liberté dans le traitement du sujet, est assez déroutante et semble faire perdre de la force à l’ensemble.
Une pièce finalement difficile à cerner mais néanmoins intéressante, et qui offre un traitement original et multiple d’un sujet encore très actuel.