Vers la lumière
de Naomi Kawase
Drame, Romance
Avec Masatoshi Nagase, Ayame Misaki, Tatsuya Fuji
Sorti le 28 février 2018
Un photographe renommé qui perd progressivement la vue. Une jeune femme chargée de l’audiodescription de films destinés aux aveugles. Une rencontre d’abord houleuse, puis qui se transforme en une relation forte de sens.
Sur le papier, Vers la lumière a tous les attributs d’un film tire-larmes. Les stéréotypes les plus éhontés y sont rassemblés, et les étapes typiques de toute romance conventionnelle s’y suivent sans faillir. Il est désagréable avec elle, elle prend mal ses commentaires. Ils se rencontrent fortuitement par la suite, tissent quelques liens d’amitié. Ils finissent par se rapprocher malgré les multiples difficultés professionnelles et existentielles qui les séparent, et… vous connaissez la rengaine.
Dans la pratique les choses sont plus compliquées. Naomi Kawase préfère en effet travailler dans une certaine délicatesse de la mise en scène, choisissant souvent de privilégier la contemplation formelle, le non-dit, la phrase philosophique aux astuces habituelles. S’agit-il d’une manière de transcender les codes du mélodrame ? D’une tentative d’émouvoir par la simplicité ? Difficile à dire. Nombre de décisions narratives et techniques prises par la réalisatrice enlèvent au film son impact émotionnel, et il n’est pas exactement clair à quel point ce manque d’affect est intentionnel.
Occasionnellement, les violons sont de sortie, mais c’est généralement en vain, le long-métrage peinant à créer de l’intérêt pour au sort de ses protagonistes. Et il faut bien le dire : regarder un personnage pleurant à chaudes larmes sans ressentir une once de son émotion n’est pas l’expérience la plus passionnante qui soit. Le sentiment variera bien sûr de spectateur en spectateur, mais si la réception assez froide qu’a reçue le film à Cannes est une quelconque indication, Vers la lumière n’est pas prompt à secouer les foules. À fois récits à l’eau de rose utilisant les ficelles les plus pénibles du genre, et film d’auteur épris de ses propres envolées métaphysiques, le long-métrage paraît à la fois trop pataud et trop subtil pour fonctionner.
C’est assez regrettable, d’autant plus que le film n’est ni dénué de beauté — on soulignera ses images élégiaques baignées de soleil — ni d’intelligence dans son propos. Vers la lumière nous parle de cécité, d’incommunicabilité, de l’acceptation de soi et de l’autre. Mais à l’instar de sa protagoniste, qui fait face à la difficulté de traduire des images en mots, le film peine à articuler un langage cinématographique adéquat pour véhiculer ses émotions et ses idées.