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    Forms of Gardens jusqu’au 31 août à Bozar

    Crédit photo d’illustration : Erik Dhont, 510- Rotterdam, study in form for mixed hedges to be introduced into patio gardens, Rotterdam, 2010. © Reiner Lautwein

    Le public belge deviendrait-il sensible au paysage ?

    Les multiples expositions fleurissant au Bozar depuis quelques années ont contribué à l’intérêt croissant de l’espace qui nous entoure. La réflexion principale mettait en avant les transformations urbaines et la perception du paysage belge à grande échelle. Mais aujourd’hui, c’est à partir du jardin que l’exposition Forms of GARDENS entend contribuer à la réflexion.

    L’exposition porte bien son nom « Les formes des jardins ». Elle met en scène toute une réflexion sur le rôle de l’étude de formes dans la création paysagiste.

    C’est à travers des documents aux qualités abstraites que l’exposition montre la grammaire formelle élaborée par Jean Canneel-Claes et Erik Dhont, paysagistes belges réputés pour leurs projets de jardins. Bien qu’un demi-siècle les sépare, ces deux artistes de renoms ont développé une pratique de créateurs de jardin et paysagistes en Belgique. Leurs œuvres ont en commun le caractère architectural, la ligne claire et une forme soulignée.

    Il faut souligner que l’exposition n’offre pas un aperçu classique des plus belles œuvres des créateurs, mais se centre sur des supports spécifiques. Ainsi, deux salles accolées sont disposées comme des vitrines, laissant apparaître les outils, les brouillons et les réflexions des deux artistes. La première salle est dédiée à Jean Canneel-Claes et à son travail sur la deuxième dimension (1931). Aux murs, quelques plans du paysagiste mettent en évidence les axonométries et perspectives par des jeux de collage et de couleur. La deuxième salle est la gypsothèque d’Erik Dhont qui met à jour une partie de sa réflexion sur la troisième dimension (2010). Des centaines de formes en plâtre modelées par la seule imagination de son auteur y sont amassées. Le visiteur doit cependant être averti que les plâtres de la gypsothèque ne transmettent pas l’image d’un jardin complet. Dans de nombreux cas, ce sont des réflexions de composantes du jardin, comme les haies taillées et les microreliefs.

    Forms of GARDENS est une agréable curiosité pour toute recherche artistique, quelle soit liées a l’architecture, au paysage, à la sculpture, à la peinture ou autre.

    Cependant, un doute plane sur la comparaison artistique des deux artistes. La réflexion et l’étude des formes sont intéressantes chez les deux paysagistes mais le lien effectif n’est pas suffisamment perceptible. Ce sentiment est renforcé par la configuration de l’exposition où deux artistes présentent leurs œuvres dans deux salles distinctes sans interaction.

    Dans ce sens, la gypsothèque d’Erik Dhont modélise généreusement les réflexions du paysagiste mais n’expose aucun plan concret. Les sculptures abstraites restent imaginaires et laissent le visiteur rêveur et un peu désemparé. Quelques plans d’aménagements auraient pu illustrer les textes et donner vie à ces volumes figés.

    Forms of GARDENS est un bon départ pour promouvoir la construction des paysages, qu’ils soient privés ou publics. L’exposition est ouverte à tous mais la réflexion reste fortement destinée à un public averti.

    Forms of Gardens du 20 juin au 31 août 2014 au Palais des Beaux-Arts

    31 août à 16h : Présentation de Bruno Notteboom

    Gilles Saussez
    Gilles Saussez
    Journaliste du Suricate Magazine

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