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    Normandie nue, à poil dans les prés

    Normandie nue

    de Philippe Le Guay

    Comédie dramatique

    Avec François Cluzet, Toby Jones, François-Xavier Demaison, Arthur Dupont, Grégory Gadebois

    Sorti le 24 janvier 2018

    Avec Philippe Le Guay, chaque film est comme une surprise et une remise en question de ce que l’on a pu penser du précédent. Si l’on a donc pu être charmé par la fausse légèreté de comédies telles que Les femmes du 6ème étage ou encore Alceste à bicyclette, la lourdeur de Floride nous avait largement refroidi. Avec Normandie nue, son cinéma s’enfonce encore un peu plus dans les affres de la comédie française de consommation courante.

    Dans un petit village normand du nom de Mêle sur Sarthe, la crise a touché de plein fouet les éleveurs locaux. Tandis que le maire, Georges Balbuzard, tente par tous les moyens de sauver son village, un grand photographe américain jette son dévolu sur Mêle sur Sarthe pour son nouveau cliché, dans lequel il a l’intention de mettre les autochtones « tout nus ».

    Le premier « problème » de ce type de films, qui veulent mettre en exergue une certaine forme d’injustice sociale et donner la parole à des minorités sous-représentées par les médias, est qu’ils sacrifient eux-mêmes à la tyrannie du star-système et aux exigences présumées du cinéma grand public. Ainsi, on est obligé d’accepter la présence du « bankable » François Cluzet en maire/agriculteur, entourés de quelques seconds couteaux du cinéma français, pris pour leur « gueules » et incarnant avec plus ou moins de bonheur des figures paysannes. Dans ce curieux casting très hétéroclite, il faut également compter François-Xavier Demaison et la jeune belge Pili Groyne en parisiens égarés, personnages totalement superflus et extérieurs à l’action mais qui servent néanmoins de porte d’entrée dans le récit, comme s’il était impensable que le spectateur d’une comédie française lambda puisse s’identifier directement à des « provinciaux ». Au final, c’est l’élément – véritablement – étranger, le photographe incarné par Toby Jones, qui fait figure d’ovni bienvenu dans cet ensemble de personnages globalement gangréné par les clichés.

    Si le film a donc vraisemblablement l’intention de donner leur chance aux opprimés, à ces agriculteurs à qui l’on ne donne pas assez la parole – comme le dit de manière très soulignée l’une des premières scènes du film, dans laquelle les interventions filmées des paysans lors d’un journal télévisé sont censurées pour laisser place à la parole du seul parisien présent, s’exprimant dans un langage nettement plus lisse –, il le fait d’une bien curieuse façon, réduisant cette prise de parole, cette preuve de leur existence dans un monde qui ne voudrait plus d’eux, à une simple présence physique, forte mais réduisant l’engagement à un acte de provocation, à travers la nudité presque forcée.

    D’autre part, le film prend, dans sa dernière partie, une direction idéologiquement assez protectionniste, voire réactionnaire, en excluant in fine l’élément étranger représenté par Toby Jones, et en laissant entendre – toujours de manière très appuyée – que l’on est toujours mieux entre français, et que les « bons gars » de la France profonde n’arriveront à leur fin qu’une fois « entre eux », lorsque toute présence étrangère – qu’elle soit américaine ou même parisienne – sera évacuée. Le dernier plan du film, censé exhiber la nudité ordinaire et revendicatrice comme un pied de nez, n’arrive hélas pas à se défaire de cet arrière-goût rance véhiculé par un sous-texte assez douteux.

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