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    Qui a tué Amy Winehouse ou les espoirs et désillusions d’un clown poète

    De Pietro Pizzuti, mise en scène de Christine Delmotte avec Gauthier Jansen et Alain Eloy. Du 17 janvier au 3 février 2018 à 20h30 à l’Atelier Théâtre Jean Vilar et du 28 février au 31 mars 2018 au Théâtre des Martyrs.

    Gauthier est clown sans frontières. Oui clown. Pendant près de 10 ans, il s’est rendu en mission aux quatre coins du monde à la rencontre des populations et surtout des enfants vivant en zone de conflits. C’est cette expérience qu’il vient nous livrer aujourd’hui sur scène au travers d’un dialogue entre lui-même, protagoniste paumé en plein questionnement et son ange gardien Sambuca. Ce dernier fait son apparition à un moment charnière de la vie de Gauthier qui, après avoir écumé les misères de la planète, s’interroge sur le sens de son travail et son utilité mais aussi sur le sens de la vie et la nature de l’Homme. Sambuca emmène notre artiste clown dans le film de sa vie et le remet face à ses choix.

    Sur le plateau, peu d’éléments de décors. Juste un frigo et un amas de projecteurs pour figurer un vieux studio de cinéma. Un ensemble foutraque à l’image du chaos intérieur dans lequel se retrouve le personnage. Dans cet ensemble improbable, le passé et le présent s’entremêlent. De souvenirs en souvenirs, Gauthier Jansen raconte Gauthier le clown. Les artistes auraient pu prendre le parti de venir livrer un témoignage à la première personne mais ils ont préféré venir à la rencontre du spectateur au travers d’un personnage de fiction et d’un ange gardien qui agit en contrepoint. Les situations et anecdotes sont tirées d’expériences réelles transposées au théâtre. Gauthier parle la vie dans les camps de réfugiés, de ses désillusions et de ses souffrances. Il s’interroge sur l’utilité de son métier car à quoi bon faire rire quand les gens ont surtout besoin de pouvoir se nourrir, d’avoir un logement et de pouvoir s’instruire ? Il raconte comment petit à petit il a arrêté de prendre parti pour les « bons » ou les « méchants ».  Après tout, les enfants de l’autre camp n’ont-ils pas le droit de rire aussi ? C’est une chose que de penser savoir ce qu’est la guerre, c’en est une autre que de la vivre de l’intérieur. Gauthier et Sambuca nous font basculer à pieds joints dans l’envers du décor.

    Pendant 1h20, les mots mitraillent et le débit ne faiblit pas. A tel point que la pièce manque parfois de respiration et de temps de pause. Il y a beaucoup de dialogues et peu de mise en action. Cependant le spectacle est ponctué de petits moments magiques hautement poétiques et profonds. Comme cette scène avec cette petite fille représentée par une marionnette de sacs plastique ou encore la fin d’une incroyable justesse et très touchante. Il y a de ces personnes dont on a l’impression qu’elles ont vécu mille vies tant l’enseignement tiré de leur vécu est grand. Qui a tué Amy Winehouse raconte plus que l’histoire de Gauthier, c’est une interrogation sur la vie et sur ce qu’on en fait. Rien ne sert de fuir la réalité car tôt ou tard les angoisses, les non-dits et les regrets nous rattrapent. Et si le premier pas de vie c’était juste d’apprendre à s’aimer soi même ?

    Thérèse Makumaya
    Thérèse Makumaya
    Journaliste du Suricate Magazine

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