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    L’Échange des princesses, Dugain sans profit

    L’Échange des princesses

    de Marc Dugain

    Historique

    Avec Lambert Wilson, Olivier Gourmet, Anamaria Vartolomei

    Sorti le 27 décembre 2017

    1721. Philippe d’Orléans (Olivier Gourmet), régent de France, veut protéger Louis XV (Igor Van Dessel), 11 ans, qui va bientôt devenir roi. Un échange de princesses permettrait de consolider la paix avec l’Espagne, après des années de guerre de succession qui ont laissé les deux royaumes exsangues. Il marie donc sa fille, Mlle de Montpensier (Anamaria Vartolomei), 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne, et Louis doit épouser l’Infante d’Espagne (Juliane Lepoureau), âgée de 4 ans. Mais les caractères ne se concilient pas si facilement entre les jeunes promis et les évènements ne feront de ces jeunes princesses que des pions sur l’échiquier politique.

    Le film débute avec une très jolie scène en clair-obscur – hommage sans doute à la peinture du XVIIIème siècle – et le début de l’intrigue présage d’un film palpitant. Le contexte politique est clairement établi et le remue-méninges qui s’accomplit alors parmi les conseillers du régent (Olivier Gourmet) nous fait saliver quant à la suite des évènements. Mais voilà, dès la première apparition du roi d’Espagne (sur)joué par Lambert Wilson, on se prend à rire de ce personnage bigot et extrême, emphatique et théâtral. Mais ce qui prête à rire n’est pas une volonté ironique de nous décrire ce roi et le second degré n’est pas de mise à ce stade du récit. On en est presque gêné. On peut ajouter à cela la présence agaçante de Thomas « Mustii » Mustin en condé hystérique et psychopathe et Igor Van Dessel qui nous campe un Louis XV incolore et inodore. Pourtant, le reste du casting est plutôt réussi. On craque pour l’infante d’Espagne (Juliane Lepoureau), petite poupée adorable et naïve qui accepte son sort comme s’il s’agissait d’un conte de fée. On s’attache à Mademoiselle de Montpensier (Anamaria Vartolomei), rebelle et anachroniquement féministe ce qui la rend terriblement séduisante. Mais le tout rend l’histoire quelque peu déséquilibrée même si les enjeux sont clairs et les décors et costumes d’une grande précision.

    Si avec certains petits détails, l’auteur nous amuse et rend les personnages infiniment humains – on découvre que les princesses ont aussi des besoins naturels qu’elles doivent assouvir, même en pleine forêt – pendant près d’une heure, le scénario passe totalement à côté du sujet. Et plutôt que de nous montrer les instants qui font l’Histoire, Marc Dugain s’attache à des détails qui ne nous intéressent pas. Ajoutons à cela les limites de l’auteur en matière de direction d’acteur et on finit par s’ennuyer. On ne sait pas si c’est dû au manque de moyens ou simplement à la faiblesse d’un scénario parti d’une bonne idée mais qui s’égare. Quoiqu’il en soit, il faut attendre la fin du film pour trouver quelque intérêt dans l’histoire qui nous est racontée. Trop tard pourtant pour un film qui semblait ambitieux, mais qui tourne au gentil film d’auteur raté.

    Malgré la qualité des décors et des costumes, Marc Dugain, que l’on connait plus pour ses écrits, nous livre avec L’Échange des princesses un film long, ennuyeux, très éloigné de la fresque historique qu’il aurait pu nous offrir. Quitte à voir des films en costumes, mieux vaut alors ne pas sortir de chez soi et privilégier les rediffusions de nos bons vieux films de capes et d’épées d’antan (avec Bourvil et Jean Marais) qui ne vont certainement pas manquer en cette période de fêtes.

    Bruno Pons
    Bruno Pons
    Journaliste du Suricate Magazine

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