More

    MED 2017 : « Les Fleurs du bitume », who run the world ?

    Les Fleurs du bitume

    de Caroline Péricard et Karine Morales

    Documentaire

    Présenté lors du Festival du Cinéma Méditerranéen 2017

    Génération de la Révolution du jasmin, Chaima, Ouméma et Shams sont « femmes et artistes ». Une équation difficile en des temps qui continuent de l’être encore et toujours. Multiple facette de la révolution, mais élégante multiplicité de la femme avant tout, ces trois jeunes femmes sont simplement sublimes. Elles représentent la diversité parce qu’elles prennent des décisions, font des choix, elles expriment ce qu’elles ont à exprimer. Elles font ce qui les rend humaines. Tout simplement. A travers une esthétique de la douceur, le message de Caroline Péricard et Karine Morales n’en est pas moins violent.

    Chaima danse, Ouméma graffe et Shams slame ; au-delà de représenter plusieurs pratiques d’une même culture ; le street art, – mais comme tout art – permet de donner forme concrète au concept – acceptons – « abstrait » qu’est la liberté. Ingénieux. Car, si l’on peut remettre en cause un exemple, une situation, la constance d’une pratique permet des points de comparaison précis et concrets. Le constat est accablant. Déchirée entre le devoir de bien faire et la nécessité de vivre pour et par soi-même, Chaima est bouleversante. Avec peu de mots, elle met le doigt sur la plus dramatique des conséquences de siècles et de siècles de traditions patriarcales, ici, là-bas et partout. Le droit à la liberté n’est pas un mode de vie, il s’agit là de son essence. Aucune femme, aucun homme, personne ne devrait avoir encore à l’implorer. Pire encore, personne ne devrait éprouver un quelconque sentiment de culpabilité d’en avoir besoin.

    Ce n’est pas du pouvoir de l’enfantement qu’il faut féliciter la femme, mais plutôt de ce qu’elle est encore, en dépit de tout. A cette éternité de domination masculine, nous n’avons qu’un merci des plus sincères à offrir. La femme d’aujourd’hui n’a jamais été aussi combative. Le combat féministe qui se joue dans Les Fleurs du bitume traverse les frontières par élan de solidarité. Au fur et à mesure, la mémoire collective a transmis des engagements qui ne sont plus des principes de vie, mais qui relèvent d’un combat collectif que chacune travaille à son échelle, avec toujours cet objectif commun, qu’aucune d’entre nous n’abandonnera ; jamais. Quoiqu’il advienne.

    Audrey Lenchantin
    Audrey Lenchantin
    Journaliste du Suricate Magazine

    Derniers Articles