When the Day Had No Name
de Teona Strugar Mitevska
Drame
Avec Leon Ristov, Hanis Bagashov, Dragan Mishevski
Sorti le 13 décembre 2017
Porte-parole d’une Macédoine qui va mal, When the Day Had No Name prend comme point d’accroche un fait divers survenu en 2012 aux alentours de Skopje : L’affaire Monstrum. La veille de Pâques, quatre jeunes et un homme plus âgé, probablement un témoin, perdent la vie abattus par balle. Mais ce qui aurait pu passer, au premier abord, pour une simple anecdote publiée dans un canard local retourne très vite le pays : ce quintuple meurtre est, de fait, le résultat de tensions raciales latentes entre les Macédoniens et la minorité albanaise qui partage leurs terres.
Pourtant, When the Day Had No Name ne raconte pas le meurtre, ni l’histoire de ses victimes, mais bien celle de quatre jeunes lambdas qui partent pêcher pour le week-end. Et si l’événement en question est tout de même primordial dans le film, c’est surtout pour les pistes de réflexion qu’il apporte. Car le véritable problème mis en exergue par Teona Strugar Mitevska est la lutte pour le pouvoir, la volonté de s’affirmer vis-à-vis de l’autre.
C’est donc par ce biais que Mitevska va pouvoir librement aborder différentes problématiques toutes liées à ce besoin de dominer et dont la plus évidente est bien sûr celle des violences causées aux femmes dans une société encore très misogyne. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la réalisatrice n’y va pas de main morte, en jouant sur le dialogue mais aussi sur le visuel – mettant en scène certains actes d’une brutalité extrême -. Mais les femmes ne sont pas les seules à subir les us d’une société qui prône l’invulnérabilité, la supériorité et la virilité poussée à son paroxysme : les handicapés, par exemple, y connaissent également le sens du mot « honte ».
Et finalement, en deuxième plan mais plus directement lié à l’affaire Monstrum, c’est la division du pays qui est pointée du doigt. La minorité albanaise a du mal à s’intégrer dans une Macédoine qui ne partage ni sa culture, ni sa religion. Les quatre jeunes que met en scène le film sont Macédoniens pure souche et certains d’entre eux ne masquent pas le dédain qu’ils éprouvent envers leurs compatriotes. Ils doivent, donc, montrer qui tient les commandes dans ce qu’ils considèrent être « leur » pays à part entière.
Et en matière de montage visuel et sonore, le film est le résultat d’un travail minutieux. En effet, Mitevska met, de toute évidence, un point d’honneur à peaufiner ses décors. Et puisque rien n’est laissé au hasard, mieux vaut privilégier des plans longs mais lourds de sens, qu’un enchevêtrement de scènes courtes qui ne disent rien. On peut en dire autant de la bande son choisie qui, quand elle ne fait pas froid dans le dos, reprend les œuvres de Dessy.
When the Day Had No Name est une histoire sans nom, qui aurait pu et qui peut encore arriver à d’autres jeunes en Macédoine. Cela s’explique, ce n’est en fait pas une histoire mais bien un contexte qui est proposé aux spectateurs. Malheureusement, en choisissant cette voie, Mitevska non seulement donne une vision très négative de son pays mais en plus parle de tensions entre deux cultures dont elle ne prend pas le temps de souligner la richesse.