Les Conquérantes
de Petra Biondina Volpe
Drame, Comédie
Avec Marie Leuenberger, Bettina Stucky, Ella Rumpf
Sorti le 13 décembre 2017
Les Conquérantes revient sur la conquête du droit de vote par les Suisses* et révèle un pan pleu glorieux de l’histoire helvète. Facile et agréable à regarder, ce film n’en remet pas moins les pendules à l’heure à propos de la lutte ardue qui a été menée pour que les femmes obtiennent des droits fondamentaux.
Alors que le monde occidental est secoué de toute part par des mouvements progressistes – mai 68, Woodstock, Révolution sexuelle – rien ne semble perturber l’ordre des choses à Appenzell, un petit village suisse. Bonne épouse et mère exemplaire, Nora assume l’ensemble tâches familiales qui lui incombent. Pourtant, alors qu’approche le référendum pour le droit de vote des femmes, Nora se pose de plus en plus de questions et devient peu à peu l’initiatrice d’un vent de changement.
Les Conquérantes est le deuxième long-métrage de la réalisatrice suisse Petra Biondina Volpe. Le titre original de l’œuvre, L’Ordre divin, en dit long sur le sujet. Il s’agit d’un terme repris à la propagande anti-suffragettes de l’époque qui considérait que donner le droit de vote aux femmes allait à l’encontre des volontés de Dieu. Cette fausse certitude était tellement enracinée que la Suisse a été l’un des derniers pays au monde à accorder le droit de vote et d’éligibilité aux femmes… Les Suisses ne l’ont en eu qu’en 1971 !
Les Conquérantes est un « feel-good movie » intelligent, car il nous fait découvrir un pan peu glorieux de l’histoire de ce curieux voisin continental qu’est la Suisse. La narration du film a quelque chose d’enfantin, car malgré les situations injustes auxquelles est confrontée Nora, à aucun moment le spectateur ne doute que le courage et la détermination de cette dernière ne lui permettront de mener à bien sa mission. Le film n’est pas pour autant gnangnan, car la réalité de cette époque – pas si lointaine – est choquante.
Nora est interprétée par la radieuse actrice suisse alémanique Marie Leunberger. Cette dernière réussit à personnifier Nora comme quelqu’un de normal qui se retrouve à accomplir quelque chose d’extraordinaire. Cette interprétation est fidèle au souhait de la réalisatrice : « J’ai ʺtrouvéʺ Nora dans les seules archives suisses mentionnant les femmes. Il y avait une note écrite par une jeune mère et femme au foyer qui était très bouleversée par le fait que certaines femmes s’opposent au droit de vote : elle disait que bien qu’elle n’ait jamais été très intéressée par la politique, elle était furieuse et pensait sérieusement à s’engager dans la lutte pour obtenir le droit de vote. »
Les Conquérantes est un film qui se regarde avec beaucoup de plaisir. C’est aussi une piqûre de rappel pour celles (et ceux) qui pensent que le féminisme ne sert à rien.
*Sous-entendu « Suissesses », mais la forme est peu utilisée.