Le Bonhomme de neige
de Tomas Alfredson
Policier, Thriller, Drame
Avec Michael Fassbender, Rebecca Ferguson, Charlotte Gainsbourg, Val Kilmer
Sorti le 15 novembre 2017
Après le parfaitement recommandable Headhunters (Morten Tyldum, 2011), thriller malin, captivant de bout en bout et émaillé de scènes d’une violence surprenante, une nouvelle adaptation cinématographique tirée d’une œuvre de Jo Nesbø voit le jour. Le Bonhomme de neige s’inspire ainsi du roman éponyme de l’auteur de polar norvégien. Côté littérature, il s’agit, sur onze à ce jour, du septième opus de la série consacrée au policier Harry Hole, héros récurent de l’écrivain. Côté cinéma, il s’agit là de sa première aventure portée à l’écran. Un choix possiblement atypique, mais les rares doutes qu’il pourrait éveiller sont rapidement balayés dès que l’on se penche sur les personnes derrière le projet.
Le Bonhomme de neige est tiré d’un roman acclamé, produit par Martin Scorsese (qui était premièrement pressenti pour la réalisation) et mis en scène par Tomas Alfredson, à qui l’on doit le mémorable Morse, ainsi que La Taupe, encensé quasi unanimement par la critique. À cela s’ajoute un casting soigné, notamment composé de Michael Fassbender, Charlotte Gainsbourg, Rebecca Ferguson et même de Val Kilmer qui, malgré une carrière en dents de scie, n’en demeure pas moins un acteur particulièrement attachant. Tous les astres semblaient donc alignés pour faire du film un thriller d’exception. Cela serait oublier qu’entre des astres et désastre ne se trouve qu’un magnifique jeu de mots, que nous ne nous permettrons cependant pas de faire. Premièrement par décence envers nos lecteurs et ensuite, car si le long-métrage se révèle d’emblée moins réussi que prévu, il n’en constitue pas pour autant un ratage total.
Tout d’abord, le fait que cette première adaptation d’une aventure de Harry Hole soit tirée d’un roman qui présente un personnage déjà établi, explique sans doute pourquoi le long-métrage s’articule en grande partie autour de son principal protagoniste et prend son temps pour tenter de le caractériser. Cela fonctionne plutôt bien dans la première partie, chaque détail et chaque nouvelle information aidant à se faire une idée de plus en plus précise de la personnalité du héros. Le procédé trouve cependant ses limites dès qu’il s’agit de faire vivre certains personnages secondaires, sans doute moins fouillés qu’ils ne le devraient, en particulier au vu du niveau d’implication émotionnel de la part du spectateur que requièrent certaines scènes pour atteindre leur plein impact.
Toutefois, après un démarrage marquant qui infuse le long-métrage de sa portée macabre, l’enquête parvient à maintenir en haleine sur sa durée grâce à ses multiples rebondissements, et ce même si certains se révèlent quelque peu prévisibles, ou assez abracadabrants. Le scénario laisse cependant de la place à certains trous noirs gênants. Étonnamment, le film se révèle trop explicatif sur certains points pourtant évidents, tout en en délaissant totalement d’autres pourtant bien plus attendus. Ainsi, pas la moindre trace d’explication sur la méthode qu’aurait pu utiliser le tueur lors de possibles meurtres en chambres closes.
Restent une réalisation assez soignée pour mettre en valeur la beauté de paysages hivernaux qui aident à la création d’une atmosphère délétère qui sied bien au long-métrage, et une interprétation plus que correcte, même si l’on a déjà senti certains des acteurs plus investis.