On les attendait au tournant depuis un certain temps. Les New-Yorkais de Dream Theater reviennent avec un nouvel album sobrement baptisé: Dream Theater. Le groupe montre ainsi d’emblée qu’il a souhaité poursuivre sur sa lancée après l’album A Dramatic Turn Of Events en composant des chansons dans le style de ses débuts. Cet album avait divisé les fans car c’était le premier à être enregistré avec Mike Mangini, le nouveau batteur. Depuis le départ de Portnoy, le choix de Mangini était dans tous les esprits et peu de fans furent surpris de le voir prendre cette place.
Mais lors de son arrivée dans l’équipe, Mangini fut confronté à un drôle de challenge, car toutes les parties de batteries du nouvel album avaient déjà été écrites avant son arrivée. Celui-ci a donc dû interpréter ces parties plutôt que de les composer lui-même. Et le résultat ne fut pas à la hauteur des attentes. Plate et sans réel enthousiasme, la batterie de Mangini n’apportait finalement pas grand chose à ce disque aux sonorités vieillotes. Malgré tout, le groupe fit une énorme tournée mondiale pour convaincre les indécis. Et les voilà donc de retour avec Dream Theater, leur douzième album.
Après cette tournée, on peut dire que l’équipe a prit ses marques et que Mangini s’est bien fait accepté. Il a donc participé à la composition des morceaux de ce nouvel album. Alors, me direz-vou, le résultat est-il à la hauteur cette fois? Et bien je dois avouer que c’est assez mitigé. Car au delà de la qualité indégnable des morceaux et de la technique dont font preuve ces maestros, ça sent le réchauffé. De plus, le son de la batterie est très plat et celle-ci n’est vraiment pas mise en avant. On sent que Mangini a essayé de placer quelques rythmes intéressants, mais on entend à peine ce qu’il joue tellement le son est compressé et faible. Un détail qui décevra sans doute beaucoup de gens qui recherchaient plus de présence et d’implication du batteur dans ce disque.
Malgré ce bémol, il faut reconnaître que Rudess et Petrucci restent des compositeurs hors norme. Ainsi en témoigne le second morceau: The Enemy Inside. On y retrouve une solide rythmique de Petrucci qui assure aussi beaucoup de mélodicité dans ses accords. Un break aux phrasés interminables entre la guitare et le clavier qui se répondent mutuellement. Et enfin, un très beau solo de Petrucci. C’est carré et pêchu, mais cela a déjà été fait à de nombreuses reprises dans le passé. The Looking Glass vient un peu casser le tout avec des sonorités qui nous font penser à Awake. On sent l’influence de Rush dans un tel morceau. (Surrender To Reason est aussi dans ce style)
Enigma Machine est lui beaucoup plus robuste et marque le retour d’un style plus sombre. Après une intro mystérieuse au clavier, le groupe enchaîne par de lourds accords et envoit la sauce. La cohérence entre Mangini et le groupe est nettement plus marquée sur cet instrumental car il est beaucoup question de rythmes ici. Beaucoup de variations rythmiques, des riffs et des solos qui s’enchaînent. Petrucci et Rudess y vont à coeur joie et nous servent un très bon moment.
The Bigger Picture allie puissance et mélodicité en variant les intensités. LaBrie a su mettre la douceur de sa voix en avant dans ce morceau. Notez ici un très beau solo de Petrucci se terminant par un phrasé qui rappellera le style de Brian May à tous les mélomanes. La couleur du morceau change alors et le final fait un peu penser à ceux que l’on retrouvait sur l’album Metropolis pt2.D’autres très bons morceaux (comme Behind The Veil) sont à écouter aussi attentivement, car ils montrent la qualité et l’inventivité dont font preuve ces musiciens talentueux.
On regrette cependant que malgré cela, l’album ne surprend pas vraiment. Car il faut bien l’avouer, même si ça sonne bien, cet album sonne plus comme une réincarnation de ce qui a déjà été fait.