Humoriste mais avant tout actrice de talent, Claudia Tagbo s’est imposée comme une figure incontournable de la scène hexagonale. D’une énergie débordante à chacune de ses apparitions, la franco-ivoirienne souhaite aujourd’hui offrir au public d’autres facettes de sa personnalité. Son nouveau spectacle intitulé Lucky en est d’ailleurs le plus bel exemple.
Un spectacle humoristique qui passera par la Belgique en novembre prochain. L’occasion pour nous de rencontrer cette femme souriante à la vie comme à l’écran.
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Au regard de votre premier spectacle et de vos apparitions en télévision, vous donnez l’impression d’être une femme énergique voire explosive. Une image que vous avez souhaité mettre de côté dans votre nouveau spectacle intitulé « Lucky ». De même, vous avez abandonné le stand up…
Je n’ai pas totalement abandonné le stand up. Le spectacle s’est plutôt habillé autrement. Il est un peu plus introverti, plus intime… Mais la folie est toujours là ! « Lucky » a plus de rondeur et de douceur !
Justement, vous débutez votre spectacle avec un poème de Léopold Sedar Senghor qui n’est pas vraiment drôle…
Oui, ça surprend. J’avais envie de mettre le spectateur en suspension pour mieux le cueillir par après. J’adore prendre les gens à contrepied. Puis, cela permet à certaines personnes de découvrir cet auteur via un très beau poème qui mérite d’être lu.
Pourquoi ce poème et pas un autre ?
Car c’est le premier poème que j’ai appris l’école primaire, en Côte d’Ivoire. Et je l’ai redécouvert bien plus tard, lorsque je prenais des cours de théâtre. Il m’a suivi en quelque sorte. C’est une hymne à la femme, à la terre, à l’universalité, au partage et à l’identité. Léopold Sedar Senghor, c’est un homme du monde qui a croisé des penseurs, des politiciens, etc.
Dans « Lucky », vous pastichez la peur de l’étranger avec un sketch très drôle. Sauf qu’ici, l’étranger est un roux irlandais dont vous égrenez les clichés. Selon vous, peut-on rire des clichés ?
Bien sûr, on peut rire des clichés. Il ne faut pas s’interdire des choses. Au moment où on s’interdit de dire ou de faire quelque chose, c’est là que le malaise survient. Maintenant, il faut bien le faire ! Par exemple, Fabrice Eboué ou Stéphane Gillon sont très très forts pour cela.
Avez-vous personnellement souffert de certains clichés ?
Oui, évidemment ! Tous les jours ! Pour prendre un autre exemple : j’ai une amie comédienne qui a de beaux cheveux blonds. Et lorsqu’on l’appelle pour jouer un rôle, c’est pour jouer celui de la blonde écervelée ou de la prostituée. Pareil pour moi, on se dit : « Claudia, elle est noire et ronde ! Elle va faire la grosse qui mange mal, qui n’a pas d’amoureux et qui a l’accent africain ! ». On vit avec des clichés. Après, il faut décider d’en sortir ou pas.
Justement, y a-t-il des rôles que vous souhaiteriez jouer sans en avoir eu l’opportunité ?
J’ai fait beaucoup de théâtre, donc j’ai un peu tout joué. Et puis, je ne me mets aucune barrière. Dans mon métier, je dois pouvoir être une princesse, Catwoman, Wonder Woman ou une soubrette. L’important, c’est de raconter une histoire. C’est ce que je fais dans mon nouveau spectacle. J’y montre – et je veux montrer – d’autres facettes de ma personnalité et chacun prend celle qu’il a envie de voir.
Parallèlement à votre carrière artistique, vous participez à de nombreux shows comme celui, par exemple, de l’Afrique a un incroyable talent. Pouvez-vous nous en parler ?
Oui, nous en sommes à la saison 2. Le fait que ça se passe en Côte d’Ivoire a évidemment joué. Lorsqu’on m’a approchée, j’ai tout de suite accepté. D’un côté, je revenais au pays et de l’autre, cela me permettait d’aller à la rencontre d’autres artistes. L’Afrique, c’est un véritable vivier de créateurs, que ce soit en danse contemporaine, en théâtre, en cirque,… j’étais époustouflée.
Chose plus étonnante, vous avez été la marraine du mondial de handball en début d’année. Comment en êtes-vous arrivée là ?
Comme je connaissais plusieurs joueurs de l’équipe de France, la fédération a pensé à moi. Alors, effectivement, je ne suis pas une personnalité issue du handball mais j’aime ce sport. Puis, on a la meilleure équipe du monde ! On a tout gagné ! Et même si la coupe du monde est terminée, je continue à supporter régulièrement l’équipe de Paris. C’est un sport sain !
Enfin, vous venez de terminer le tournage d’un film pour ARTE, « Le temps des égarés », dans lequel on aborde le sujet de la crise migratoire…
Oui, on a fini de le tourner le 19 septembre dernier. Virginie Sauveur (NDLR : la réalisatrice) est venue vers moi en me demandant d’incarner le personnage de Sira. Je lui ai fait confiance et j’ai donc accepté. C’est un film sombre et en même temps lumineux, car il traite d’un sujet que tout le monde rejette aujourd’hui. Quant à Sira, c’est une traductrice de l’OFPRA (NDLR : Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides) qui va aider – moyennant finance – les gens à obtenir leurs papiers. Mais vu qu’elle fait cela pour l’argent, tout n’est pas très beau. En même temps, c’est une femme de notre temps. Aujourd’hui, tout est money, money, money.
Claudia Tagbo sera le 21 novembre au Théâtre Royal de Mons, le 22 novembre au Centre Culturel d’Uccle, le 23 novembre à l’Espace 23 de Bastogne et le 24 novembre au Centre Culturel de Huy. Infos et réservations sur ticketmaster.be, sur odlive.be ou au 070/660.601