Au revoir là-haut
d’Albert Dupontel
Comédie dramatique
Avec Nahuel Pérez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Mélanie Thierry, Niels Arestrup
Sorti le 25 octobre 2017
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, deux anciens soldats tentent de survivre tant bien que mal. L’un des deux étant artiste, ils décident de créer une arnaque articulée autour de la demande nouvelle de monuments aux morts.
Avec Au revoir là-haut, adapté du roman éponyme de Pierre Lemaitre, lauréat du prix Goncourt 2013, Albert Dupontel réussit la parfaite symbiose entre le drame historique et l’inquiétante étrangeté qui émane parfois de son univers. Le fait qu’un des deux poilus au centre de l’histoire ait été défiguré au combat permet au réalisateur de livrer plusieurs scènes marquantes et inventives, en utilisant divers masques pour refléter l’état psychologique de ses héros. Ce petit côté Fantôme de l’opéra ajoute une légère teinte fantastique au long-métrage et lui apporte sa singularité.
Mieux, le procédé s’accorde parfaitement avec un scénario qui fait la part belle au thème de l’apparence. En effet, chaque personnage semble avoir quelque chose à cacher du fait de la guerre, qu’il s’agisse de blessures physiques comme psychologiques, aussi bien que d’actes criminels. D’où le passage de l’espace ouvert du champ de bataille à une ambiance plus intimiste, qui permet de développer plusieurs protagonistes dignes d’intérêts, même si quelques seconds rôles seront malheureusement oubliés en chemin.
Si le film se révèle souvent triste et parfois quelque peu inconfortable en cela qu’il ne cache rien de la dureté de certaines situations toutefois montrées avec pudeur, il n’en oublie cependant pas de ménager quelques moments plus tendres, plus drôles ou plus caustiques.
Que ce soit avec la scène de la taverne dans Le créateur, ou plus récemment celle des éléments électroménagers qui prennent vie dans 9 mois fermes, le réalisateur a toujours réussi à ménager dans ses longs-métrages quelques moments « autres », qui détonnaient de par leur créativité. Au revoir là-haut contient de tels passages, mais l’essence même du scénario, qui place une possible folie au centre de son sujet, fait qu’ils s’y intègrent peut-être trop bien pour se révéler aussi marquants que leurs prédécesseurs. De quoi entraîner une légère déception pour les fans du cinéaste, même si cela n’entache cependant pas la réussite globale d’un film atypique sur une guerre qui, bien que terminée, n’en reste pas moins omniprésente et n’a pas fini de marquer tout un chacun.