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    Le Jeune Karl Marx, révolution et académisme

    Le Jeune Karl Marx

    de Raoul Peck

    Drame, historique

    Avec August Diehl, Stefan Konarske, Vicky Krieps, Olivier Gourmet, Alexander Scheer

    Sorti le 4 octobre 2017

    En 1844, en pleine « révolution industrielle » et alors que la révolte ouvrière connaît ses premiers soubresauts, Karl Marx, jeune journaliste et philosophe allemand exilé en France, fait la connaissance de Friedrich Engels, fils rebelle d’un riche industriel allemand. À deux, ils entreprennent de rédiger ce qui deviendra la base du mouvement ouvrier et de la lutte des classes : « Le manifeste du parti communiste ».

    Après un excellent documentaire sur l’écrivain et militant James Baldwin (I Am Not Your Negro), le cinéaste haïtien revient à de la fiction et affirme une nouvelle fois son intérêt pour les sujets et les questions éminemment politiques – on lui doit également la biographie filmée de Lumumba et de nombreux films engagés sur Haïti. Cette obsession pour le politique sous toutes ses formes et ses manifestations est ce qui rend intéressants certains aspects de l’œuvre de Peck, au-delà de sa mise en scène souvent académique, trop respectueuses de certaines conventions institutionnelles. C’est également la principale qualité de ce Jeune Karl Marx, lequel s’applique à montrer de manière détaillée et chronologique les étapes de la fondation d’un mouvement idéologique, avec tout ce que cela implique comme tergiversations intellectuelles et autres tractations entre les divers courants d’une même pensée politique.

    Le film reste donc assez intéressant tout du long par cet aspect à la fois didactique et obstiné dans son projet de restituer le cheminement d’une idéologie, mais il souffre aussi, malheureusement, d’un trop grand classicisme, parfois sclérosant et réduisant ce qui pourrait être un vrai film politique à une reconstitution historique dont les décors, les costumes et la narration chronologique et fonctionnelle sont autant d’éléments paralysants, l’empêchant d’être autre chose qu’un docufiction de luxe. L’interprétation des acteurs, globalement assez faible et démonstrative, participe également des défauts du film, à l’instar des deux acteurs allemands très poseurs et cabotins qui prêtent leurs traits à Marx et Engels (August Diehl et Stefan Konarske), auxquels on peut ajouter Olivier Gourmet, incarnant Proudhon avec force regards en coin et sourires distanciés.

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