Amoureux de la scène, des gens et de la vie en général, Jarry est devenu l’un des humoristes les plus adulés en France. Un juste retour des choses pour cet homme qui n’a qu’une seule idée en tête : faire plaisir à son public.
Pour ce faire, Jarry sillonnera prochainement les villes de Belgique pour y présenter une dernière fois son spectacle intitulé « Jarry atypique ». L’occasion pour nous de le rencontrer et de faire un premier bilan sur son incroyable parcours.
Votre tournée « atypique » se terminera en mars 2018. Quel bilan faites-vous de ce spectacle et surtout, que ressentez-vous à l’idée de ne plus pouvoir le jouer ?
Quand j’ai écrit ce spectacle, je pensais sincèrement le jouer pendant trois semaines voire un mois. Je n’envisageais pas de pouvoir faire une tournée avec celui-ci. Pourtant, il fête ses quatre ans aujourd’hui et les salles n’ont eu de cesse de grandir. J’ai commencé dans des salles de 25 places et aujourd’hui, je joue mon spectacle devant 2000 personnes, c’est incroyable !
Cela dit, le spectacle a grandement évolué. La version que je présente aujourd’hui n’est plus du tout celle d’il y a quatre ans. Je pense que ce spectacle a vraiment trouvé son public. C’est-à-dire que je n’ai plus de doute sur son efficacité et cela me permet de prendre davantage de plaisir sur scène.
Maintenant, les mois qui arrivent vont être très difficiles pour moi. Même si je vais y prendre beaucoup de plaisir, chaque date sera rayée définitivement de l’agenda. Par exemple, les dates que je ferai en Belgique seront les dernières avant longtemps car, pour le prochain spectacle, il faudra le temps de l’écrire et de le mettre en scène.
Combien de temps pensez-vous que cela vous prendra ?
Je ne sais pas, peut-être un an ou un an et demi… Mais j’espère revenir vite. Déjà, quand je suis deux semaines en vacances, j’ai envie de remonter sur scène, alors si je dois attendre deux ans…
Dans « Atypique », vous incarnez une kyrielle de personnages hauts en couleur. Duquel êtes-vous le plus fier ?
Les gens m’ont connu avec le sketch de la majorette. C’est devenu la carte d’identité du spectacle. Je suis évidemment très fier de ce sketch, car il reflète une partie de ma vie. Oui, j’ai réellement été majorette ! Maintenant, j’aime aussi le sketch du GIGN avec son côté masculin et cette espèce de dédoublement de sensibilité. Mais dans son ensemble, ce spectacle représente qui je suis, avec des choses qui me font rire et d’autres non.
Vous vous êtes constitué une communauté de fans impressionnante, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie. Des fans avec qui vous échangez régulièrement…
J’ai des fans qui sont hyper respectueux. J’ai beaucoup de contacts avec eux, car j’ai besoin de savoir qui ils sont, qui ils étaient et ce qu’ils font dans la vie. C’est au travers de mes fans que je me sens le plus fier. Je les aime vraiment. D’ailleurs, il y a à peu près un mois, j’ai perdu l’une de mes premières fans qui est décédée suite à une maladie. J’ai pu lui parler au téléphone alors qu’elle était en soins palliatifs. Cela m’a ému, car elle venait voir mes spectacles vingt fois par an et elle comptait forcément pour moi.
Est-ce que votre omniprésence médiatique a apporté un autre regard de la part des gens sur votre spectacle ?
Je pense qu’au début, les gens ont du se dire : « c’est qui ce gugusse à la fois un peu hystérique, foufou et bon camarade ? ». Mais ils ont également pu voir que c’était vraiment moi, que je ne trichais pas. Ils se sont alors dits que j’étais un peu comme eux. Je l’affirme, car c’est ce qu’ils me disent à la fin de mon spectacle.
Comme dit précédemment, vous allez vous atteler à l’écriture de votre prochain spectacle. Y a-t-il des thèmes que vous souhaiteriez aborder dans celui-ci ?
Il y a beaucoup de thèmes que j’aimerais aborder. Maintenant, il ne faut pas que je parte sur un spectacle sur l’être humain qui pourrait être chiant et inintéressant. Donc, je vais devoir trouver le bon dosage entre le fait de parler de choses qui me tiennent à coeur – comme la liberté d’expression, les femmes, l’absurdité de la masculinité – et le fait que ce soit drôle et divertissant. Toutefois, on peut très bien rire avec des choses qui font habituellement pleurer.
Pour l’instant, je suis à l’étape où je fais un genre de storyboard des sujets que j’ai envie d’aborder. Ensuite, je me poserai la question de savoir comment les aborder.
Dans un documentaire diffusé sur C8 en début d’année, on vous voit en compagnie de jeunes femmes marocaines abordant des sujets relativement tabous dans leur pays. La place de la femme au Maghreb et sa liberté d’expression sont-ils des sujets que vous pourriez traiter dans un futur spectacle ?
Bien évidemment que ça m’intéresse, car c’est un pays dont je me sens très proche. Ces femmes, qui étaient voilées et à qui j’ai essayé d’apporter quelques choses d’assez choquant au départ, ont compris qu’on peut être très respectueux de quelque chose, tout en s’en moquant. Ca m’intéresse également de dire aux gens qu’une femme voilée, ce n’est pas forcément une femme soumise, bien au contraire.
En fait, ça m’intéresse de dire au public de se méfier de ce qu’on peut entendre, mais de se fier à ce qui nous entoure, ce qui est palpable. Plutôt que de donner un avis sur des choses qui se déroulent à des milliers de kilomètres, essayons déjà de donner notre avis sur ce qui nous entoure.
Il y a un an, vous nous disiez à propos du cinéma : « On ne vient pas me chercher, mais ce n’est pas grave. {…} Le Saint-Graal pour moi n’est pas le cinéma ». Mais apparement, les choses auraient changé dernièrement…
Oui, je viens de tourner un film avec Lucien Jean-Baptiste et Michaël Youn (NDLR : Christ(off) de Pierre Dudan) et on est effectivement venu me chercher. Cela a été une belle expérience et une belle aventure humaine pour moi. J’y ai encore appris des choses. J’espère d’ailleurs que le résultat final sera le reflet de ce qu’on a vécu car… qu’est-ce qu’on a ri sur ce tournage !
Parallèlement à votre propre carrière, vous continuez de mettre en scène d’autres artistes, dont Valérie Damidot. Cela doit être un sacré challenge puisque d’un côté, elle va faire ses premiers pas dans l’humour et de l’autre, elle sera attendue au tournant du fait de sa notoriété…
Complètement. Je connais Valérie comme peu de personnes la connaissent, car c’est une amie. J’ai vite trouvé chez cette femme qu’elle était comédienne et qu’elle avait tout intérêt à monter sur scène pour montrer la vraie Valérie, celle qui fait l’unanimité. Ce n’est pas qu’une maroufleuse. C’est quelqu’un qui a un parcours de dingue, qui a une vraie sensibilité, qui est drôle, qui a peur de peu de choses, etc. Cela m’aurait rendu triste qu’elle fasse ses premiers pas sur scène avec quelqu’un d’autre.
Jarry viendra présenter son spectacle Jarry atypique le 9 octobre à Mouscron, le 10 octobre à Binche, le 14 octobre au Théâtre Saint-Michel (Bruxelles), le 8 novembre au PBA (Charleroi), le 9 novembre au Wex de Marche-En-Famenne et le 14 décembre au Théâtre Royal de Mons. Infos et réservations sur jarryatypique.fr ou sur corniaudandco.com