L’Arme fatale
(Saison 1)
de Matthew Miller
Comédie, Drame, Action
Avec Damon Wayans, Clayne Crawford, Jordana Brewster
Sorti en DVD/Blu-Ray le 20 septembre 2017
Voilà bientôt vingt ans que le monde espérait le retour des inspecteurs Riggs et Murtaugh. Des rumeurs concernant un Arme Fatale 5 furent souvent lancées sans jamais aboutir à rien de concret. Entre temps, Mel Gibson a enchaîné quelques scandales et cette réputation sulfureuse lui valut de devenir persona non grata à Hollywood pour un temps. Mais son apparition dans Expendables 3 et la sortie de son récent Tu ne tueras point pourraient bien donner un nouveau souffle à sa carrière. Quant à Danny Glover, à l’exception de quelques seconds rôles dans diverses séries ou apparitions dans des films comme La famille Tenenbaum ou Saw, il s’est fait extrêmement discret depuis le quatrième épisode de la franchise.
Le plus proche d’un Arme Fatale 5 que que nous ayons ainsi pu découvrir fut réalisé par les comparses de la géniale série It’s Always Sunny in Philadelphia, avec Danny DeVito dans le rôle du grand méchant (voir un extrait). Si la parodie vaut largement le coup d’œil car elle joue merveilleusement avec les codes de cet univers, elle n’en reste pas moins une parodie.
C’est ainsi que, en raison de la frilosité généralisée des studios qui peinent à nous offrir des concepts scénaristiques nouveaux, une nième série télévisée fut lancée, cette fois sur base de la célèbre quadrilogie. Après avoir pondu une immonde nouvelle série de MacGyver, un reboot ridicule de Drôles de Dames, une triste adaptation de L’Armée des Douze Singes, un très faible Rush Hour ou une adaptation peu utile de Taken (le troisième film date à peine de 2014), Hollywood a trouvé la perle rare : L’Arme Fatale ! La chose était au fond prévisible. La question n’est aujourd’hui plus de savoir si Hollywood va décider de piétiner une licence en lançant une réadaptation chancelante, mais quand elle se décidera à le faire.
En septembre dernier, Fox a donc diffusé le premier épisode de cette nouvelle mouture de L’Arme Fatale, avec Damon Wayans dans le rôle de Murtaugh et Clayne Crawford dans celui de Riggs. Au cours de ce premier épisode, difficile de s’attacher aux personnages, semblant être de pâles copies des personnages originaux. Wayans ressemblait davantage à un rappeur qu’à un policier proche de la retraite et Crawford semblait peiner à imiter Mel Gibson. L’on pouvait ainsi s’attendre à une annulation de la série à la mi-saison.
Pourtant, celle-ci parvint peu à peu à trouver un rythme de croisière honnête et les acteurs devinrent convaincants. Le mal-être de Riggs suite à la mort de son épouse fut développé pour donner une belle profondeur au personnage que Clayne Crawford parvint doucement à s’approprier, et la production sembla comprendre que Damon Wayans serait difficilement crédible en prépensionné cardiaque, lâchant un peu de lest sur cette facette de Murtaugh. Peu à peu, la série parvint à se distancer de son pendant original et à gagner les faveurs du public jusqu’à s’avérer être une agréable surprise, donnant corps à une Buddy Cop Show tout à fait sympathique, genre de Starsky & Hutch moderne – jusqu’à ce que le reboot récemment annoncé de Starsky & Hutch, porté par la famille Gunn, soit dévoilé par Amazon.
Une fois passé les quelques premiers épisodes et l’intrigue bien établie, cette saison 1 de L’Arme Fatale s’avère finalement être une bonne surprise et un bon divertissement de fin de soirée. Tout de même en deçà de ce qu’aurait pu être ce retour avec le casting original mais une très honorable adaptation de cet univers : on ne retrouve pas la somptueuse musique de Sting et Eric Clapton, le saxophone de David Sanborn ou la très reconnaissable partition du regretté Michael Kamen, pas de Joe Pesci pour ajouter une touche de loufoquerie, Gibson et Glover manquent et il est bien difficile d’oublier la réalisation inimitable de Richard Donner, mais la sauce prend malgré tout, donnant naissance à une série qui n’a pas à rougir de son existence. Au final, on se surprendra à attendre la saison 2 avec un certain plaisir non dissimulé, tout en espérant secrètement que Gibson et Glover rempilent avec, pourquoi pas, Richard Donner à la réalisation (on peut toujours rêver, 87 ans c’est jeune !).