auteur : Stefano Benni
édition : Actes Sud
sortie : avril 2017
genre : nouvelles
Un serial-killer qui sévit dans le monde des matous, une créature hideuse qui pousse son propriétaire aux pires vices, des ados–harpies prêtes à tout pour rencontrer leurs idoles, un oligarque russe victime d’un arbre maudit, Dracula entre les griffes d’un cupide contrôleur des impôts, une vierge esclaffée qui fait honte au clergé…A travers 25 nouvelles, Stefano Benni dévoile des démons plus que familiers…Ceux de notre monde contemporain.
Il est difficile de définir l’ouvrage tant ce recueil est riche et diversifié. Multi référencé, Chers monstres est à la fois hommage et pastiche. En empruntant aussi bien à La Fontaine et aux légendes d’antan qu’à Shelley ou Poe – à qui il offre un majestueux chant du cygne -, il s’amuse à parodier notre imaginaire collectif. En plagiant nos histoires d’enfants (on pense notamment à ce Hansel et Gretel 2.0) ou en racontant à sa manière des passages historiques majeurs (les derniers jours du King of Pop) il s’amuse à remanier les codes établis pour mieux nous dérouter.
Au fil de ces 25 variations de freaks tragi-comiques, Benni, auteur particulièrement engagé dans son Italie natale, ajoute une pointe d’ironie dans un monde qui le dépasse. En flirtant avec le fantastique, il insuffle un vent de Black mirror lorsqu’il dénonce les vices de la modernité et égratigne les institutions italiennes. Les monstres ne sont pas là où on les attend. Ils se cachent derrière les maux de notre monde, les prêtres possédés et la violence des hommes.
Même si les intrigues sont parfois trop prévisibles et les chutes un brin moralisatrices, on se délecte de ces contes pour adultes bourrés d’humanité. Grâce à des personnages aussi caricaturaux qu’attachants, Benni excelle en conteur des temps modernes. Son style, unique, s’adapte en effet parfaitement à la rédaction de nouvelles. Avec beaucoup d’humour et de tendresse, il nous transmet sa passion littéraire mais aussi celle qu’il a de la vie en général.