Les Grands Esprits
d’Olivier Ayache-Vidal
Comédie
Avec Denis Podalydès, Zineb Triki, Léa Drucker
Sorti le 13 septembre 2017
François Foucault, la quarantaine, est professeur agrégé de lettres au lycée Henri IV, à Paris. Discipline et rigueur sont les deux piliers de son enseignement. L’arrogance dont il fait preuve considérant sa valeur en tant que professeur de lettres va le piéger et le voilà muté pour un an dans un collège de banlieue classé REP +. Au milieu de nouveaux collègues jeunes et délurés, il va découvrir une nouvelle catégorie d’élèves qui le mettront à l’épreuve.
Lorsque l’on voit le postulat de départ de ce film, on sent d’entrée venir le piège. La banlieue, l’enseignement, un thème « casse-gueule » par excellence. D’autres s’y sont essayés et, pour la plupart, la chute fut rude. On se souvient de l’horrible film, Le plus beau métier du monde avec Gérard Depardieu, qui s’engouffra tête baissée dans les clichés les plus primaires et réactionnaires sur la confrontation d’un professeur dit « bourgeois » et la population hétérogène d’un lycée dit « de banlieue ».
Ici, l’auteur ne nous annonce pas tout de suite la couleur. Le point de vue reste centré sur François (Denis Podalydès), ce professeur de lettres au lycée Henri IV, connu comme LE meilleur lycée de France. On commence en prenant le temps de nous décrire ce personnage un peu austère mais cultivé, un peu cynique mais pince-sans-rire. On nous présente sa famille, petite bourgeoisie littéraire parisienne et, à travers elle, son besoin viscéral d’avoir le raisonnement juste. C’est ce côté un tant soit peu hautain qui le mènera dans la situation particulière qui fera toute la suite du récit.
Car le film prend une tournure différente lorsque François se retrouve dans son nouveau lycée. L’environnement d’abord est assez bien décrit avec quelques touches d’humours visuelles qui soulignent le décalage entre cet homme d’un certain milieu et le nouveau cadre qui va être le sien.
C’est à ce niveau du récit que l’histoire pourrait rencontrer ses premiers écueils. Mais le film les évite avec finesse et ne perd rien de son intérêt, bien au contraire. L’auteur arrive à manier avec un certain humour la confrontation avec les élèves, sans pour autant entrer dans la grosse comédie franchouillarde clichetonnante. On se rend compte que sa vision de l’enseignement n’est pas si mauvaise et que apprendre à apprendre est un exercice à double sens.
La confrontation ne se fait d’ailleurs pas qu’avec les élèves, car entrent aussi en jeu ses collègues. Plutôt d’une autre génération, leur vision du métier d’enseignant est assez éloignée de celle de ce professeur, certes austère et didactique, mais qui débarque dans leur univers comme un trublion, remettant en cause toutes les certitudes qu’ils auraient pu avoir.
On reste cependant dans une vision quelque peu candide de ce milieu très dur. Les problèmes concrets de la vie des élèves et leur milieu à l’extérieur de l’école ne sont d’ailleurs quasiment pas abordés. On peut regretter aussi une vision très naïve et un peu boboïsante de l’importance de l’éducation pour réussir dans la vie. Mais on passe au-dessus de tout cela, car il s’agit surtout d’une fable drolatique et enrichissante sur l’adaptation à un autre environnement et le mérite suprême de ce film est qu’on en ressort avec une envie irrépressible de relire Les Misérables de Victor Hugo.
Les Grands Esprits n’est donc pas un grand film sur l’éducation, avec une mise en scène quasi documentaire comme peut l’être Entre les Murs de Laurent Cantet, mais plutôt une sorte de comédie éducative et positiviste qui nous donne l’espoir que tout n’est pas perdu, une sorte de « feel good movie » à la française, drôle et attendrissant.