La série s’impose comme la révélation de 2014.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, l’excellente série True Detective se déroule en Louisiane entre 1995 et 2012. En 1995, les détectives Cohle (Matthew McConaughey) et Hart (Woody Harrelson) enquêtent sur des meurtres occultes. En 2012, les deux mêmes hommes sont interrogés par deux inspecteurs en rapport avec des crimes similaires.
Durant les huit épisodes de cette première saison, nous voyageons entre 1995 et 2012 afin d’avoir un tableau complet de la situation et de la vie des deux policiers. Car l’enquête n’est pas la seule chose qui nous occupe, la vie privée des deux hommes s’entrechoque largement et l’influence de l’un sur l’autre est indéniable.
La série est réalisée par Cary Joji Fukunaga, réalisateur de Sin Nombre en 2009 et surtout de Jane Eyre en 2011. Celui-ci arrive à introduire une tension presque omniprésente tout au long des épisodes, une impression frissonnante que ces meurtres pourraient être l’œuvre du diable lui-même ou tout du moins de son incarnation sur terre. Une tension constante qui est sublimée par le magnifique jeu d’acteur de Woody Harrelson et de Matthew McConaughey. Les deux comédiens, chacun dans leur style très différent, arrivent à magnifier chaque épisode et jouent de manière incroyablement juste tout en donnant une profondeur presque parfaite aux personnages qu’ils campent.
Quelle richesse chez les personnages !
Si le personnage de Marty Hart (Woody Harrelson) se présente dès le départ comme un individu sociable, gentil et très terre à terre, il s’avère très vite que sa psychologie n’est pas si simple. Bon amant mais mauvais mari, figure paternelle sans être un bon père, l’ambivalence qu’il dégage entre son caractère très simple et ses pulsions qui compliquent sa situation se retrouve parfaitement dans sa relation avec Rust Cohle (Matthew McConaughey). Cohle est contradictoire, a l’air de venir tout droit d’un autre univers ou d’un asile psychiatrique mais est sans doute le personnage qui a le meilleur sens de la réalité dans la série. Joué parfaitement par un Matthew McConaughey qui révèle enfin l’étendue de son talent d’acteur, Cohle est sans conteste l’attraction principale de la série par son coté imprévisible. On le voit évoluer dans cette société qui lui va aussi bien qu’un cure de désintoxication à Pete Doherty. Cohle est un narcissique nihiliste à la limite du sociopathe inversé et on adore le détester tout comme on déteste l’adorer.
C’est la richesse de ses deux personnages principaux mais aussi des faire-valoirs qui les entourent, comme Michelle Monaghan (Maggie) ou Charles Halford qui joue un Reggie Ledoux tout droit sorti de nos pires cauchemars, qui fait la qualité de la série. De par leurs actes, ceux-ci apportent une profondeur supplémentaire à Cohle et Hart.
Une des meilleures séries de 2014
Les bonus par contre ne sont pas légions. On retrouve entre autre un commentaire audio des épisodes par Nic Pizzolatto, créateur de la série, et T Bone Burnett, compositeur de la musique, et Scott Stephens, producteur exécutif, pour chaque épisode ainsi que des interviews de Woody Harrelson et Matthew McConaughey expliquant certaines scènes primordiales et la relation entre leur deux personnages. Outre cela, on a droit au traditionnel Making of de la série qui nous apprends certains détails de productions et certains aléas du tournage mais qui ne constitue pas un plus incroyable pour le téléspectateur. L’intérêt principal se retrouve dans la conversation entre Nic Pizzolatto et T Bone Burnett. Dans celle-ci, ils décortiquent la série pendant un peu moins de quinze minutes et expliquent plusieurs de leurs choix de production, de musique ou de scénario. On entre alors encore un peu plus profondément dans la psychologie des personnages et cela nous permet de comprendre avec plus de certitude les pensées qui les animent et qui guident leurs décisions.
Si le coffret DVD de la première saison n’est pas indispensable de par les bonus qu’il propose, il l’est pour la qualité indéniable de la série qui apporte quelque chose à un univers cloisonné qui ne cesse de répéter les mêmes codes. Via son originalité et sa qualité, True Detective s’impose comme une des meilleures séries de 2014 et se dévore presque d’une traite tel une suite de films tous plus palpitants les uns que les autres. Mention spéciale au plan séquence de six minutes (!) à la fin du quatrième épisode, un chef-d’œuvre d’action et de tension.
True Detective, Saison 1, dès le 18 juin 2014 en DVD et Blu-Ray (Warner Home Video)