auteur : Lars Kepler
édition : Actes Sud
sortie : mai 2017
genre : science-fiction
Jasmine Pascal-Anderson est une Hunag hu, un être humain qui est mort quelques secondes au moment de sa naissance.
Jasmine était le lieutenant d’une troupe de soldats envoyée sur le front pendant la guerre du Kosovo. Touchée d’une balle dans le dos durant un raid, elle est à nouveau morte durant quelques minutes avant de revenir à la vie. Lorsqu’elle se réveille, elle est persuadée que le monde des morts ressemble à un port chinois où règnent violences et injustices. Jasmine, s’accroche à l’idée que ce souvenir n’est qu’un produit de son imagination mais lorsqu’un homme s’effondre devant elle, elle perd le contrôle d’elle-même et parle de ce qu’elle pense intimement être de vrais souvenirs. Mais les paroles de Jasmine sont considérées comme délires post-traumatiques dû à son passé de militaire et elle finit par être internée sous contrainte.
Sur le point de perdre la garde de son fils Dante, elle se rend au tribunal pour plaider sa cause en plein hiver sur des routes enneigées. La voiture fait une embardée et provoque un terrible accident. La mère de Jasmine qui était au volant meurt sur le coup, Dante est grièvement blessé et elle meurt une nouvelle fois. Elle se retrouve à nouveau dans le port chinois dont elle était sûre de ne pas avoir rêvé. Avec l’aide d’un interprète nommé Ting, elle arrive à enregistrer son visa et à revenir à la vie.
C’est alors qu’elle apprend sue son fils doit subir une opération du cœur et qu’il faut l’arrêter pour la pratiquer. Jasmine est à présent certaine de ne pas avoir rêvé et à l’annonce de cette nouvelle est prise par l’angoisse. Durant son séjour dans le royaume des morts, elle a été le témoin de violences pratiquées sur des enfants en attente. La Triade tente de récupéréer par la force leur visa – autrement dit leur carte de retour à la vie – puisque les plus jeunes ont plus de chance d’être ramené.
Dante n’a que 5 ans et ne sait même pas encore écrire son prénom. Jasmine sait que son fils ne sera pas capable de comprendre les règles de cet endroit étrange ni de se défendre contre les hommes de la Triade. Elle demande alors à sa sœur Diana, infirmière de son état, s’il existe un produit capable de la tuer quelques minutes et de lui injecter au moment où l’on arrêterait le cœur de Dante. Diana se montre plus que réticente mais Jasmine la menace de se suicider si elle ne l’aide pas…
Jasmine meurt donc pour la quatrième fois. Elle retrouve Dante dans le royaume des morts mais très vite, ils tombent dans un piège de la Triade qui kidnappe son fils. Lorsqu’elle le retrouve, elle apprend qu’il a été manipulé et que dans la foulée, il a perdu son visa au profit de Wu Wang. Jasmine conteste cette décision et se retrouve au Tribunal. Elle semblait avoir toutes les chances de son côté mais Wu Wang – en possession d’informations qui ne furent jamais divulguées dans ce royaume – retourne l’opinion du jury en sa faveur et contre toute attente, Jasmine perd.
Dante ne peut récupérer son visa et si Jasmine ne fait rien, ce sera l’âme de Wu Wang qui revivra dans le corps de son fils. C’est alors qu’elle fait appel invoquant la partialité du jury. L’affaire se règlera sur le Playground où tout est permis. Répartis en deux équipes de 9 participants, le gagnant sera celui qui aura éliminé tous les membres de l’équipe adverse.
Jasmine arrivera-t-elle à tuer des hommes bien plus entraînés que les 2 vieillards, 3 hommes, 2 enfants et Maria l’avocate qui composent son équipe ? Arrivera-t-elle a récupérer le visa de Dante et permettre à son âme de revenir dans son enveloppe corporelle terrestre ?
Lars Kepler nous livre avec Playground un roman puissant et haletant qui puise dans l’ancienne mythologie chinoise la matière surnaturelle qui sert de base autant que de décor à son récit. Si la violence est très présente, ce sont surtout les injustices dont sont victimes les personnages principaux qui font monter notre taux d’adrénaline et nous pousse irrésistiblement à poursuivre notre lecture.
Rédigé dans un style au langage simple mais percutant, les descriptions et autres enchaînements se succèdent sans temps morts, alliés à une bonne dose d’imagination – plus que fertile -, tous ces atouts rendent cette histoire terriblement addictive une fois passée l’introduction, qui si elle est un peu longue, permet néanmoins d’asseoir la personnalité des protagonistes et de mettre en place les prémices de l’intrigue.
Bref, Playground se révèle être un excellent ouvrage de science-fiction mêlant anciens mythes chinois et qui met en exergue un questionnement qui, s’il ne passionne pas forcément du moins intrigue l’humanité depuis qu’elle a conscience de la mortalité de la vie : que se passe-t-il lorsqu’on meurt ? Y a-t-il une vie après notre décès ? Et si c’était le cas, qu’elle forme pourrait-elle revêtir ?
Si personne ne peut répondre formellement à ces questions, Lars Kepler partage avec nous sa propre vision de l’Au-delà dans un roman de science-fiction intelligent et créatif.