Tulip Fever
de Justin Chadwick
Romance, Drame, Historique
Avec Alicia Vikander, Dane DeHaan, Christoph Waltz
Sorti le 30 août 2017
Au XVIIe siècle, le commerce de la tulipe connut un engouement hors du commun aux Pays-Bas. Selon certains, à l’époque, ces fleurs étaient vues comme un bien d’une rare préciosité, au point que certains bulbes se seraient vendus pour des fortunes. Ce commerce permis à plusieurs marchands de s’enrichir de façon considérable.
Si l’ampleur du phénomène fut parfois remise en cause par certains historiens, cette tulipomanie aura inspiré à l’écrivaine Deborah Moggach un roman traduit en français sous le titre Le peintre des vanités. Côté cinéma, une adaptation fut prévue aux alentours de 2004 puis mise en stand-by durant plus de dix ans ; le projet originel était alors supposé mettre en scène Jude Law et Keira Knightley. Ceux-ci ont, depuis, quitté le projet et cédé la place à Dan DeHaan et Alicia Vikander, rapidement rejoints par Christoph Waltz, Judi Dench, Zach Galifianakis, Cara Delevingne ou le trop mésestimé Kevin McKidd.
Cornelis Sandvoort (Christoph Waltz) est un marchand ayant fait fortune dans le commerce de tulipes. Veuf, il décide un jour de passer un marché avec le couvent de Sainte-Ursule afin d’épouser en seconde noce Sophia (Alicia Vikander), une jeune fille recueillie par les Sœurs. Après plusieurs mois de mariage, Sophia ne parvient pas à tomber enceinte et Cornelis se morfond à l’idée de n’avoir pas d’héritier à qui transmettre son patrimoine. Désireux de laisser une trace dans l’histoire, il engagera le peintre Jan van Loos (Dan DeHaan) afin de peindre son portrait et celui de sa femme. Jan et Sophia tomberont alors amoureux et celui-ci se lancera dans le commerce des tulipes dans l’idée de récolter assez d’argent pour organiser leur fuite.
Tulip Fever fait partie de ces films qui peuvent rebuter au premier abord de par leur esthétique, un peu comme les réalisations de James Ivory (Chambre avec vue, Retour à Howard’s End, Maurice, etc.) ou les adaptations de Jane Austen. Si le film n’est pas situé dans l’Angleterre géorgienne à l’instar des romans de celle-ci – ou même tout simplement en Angleterre –, il possède néanmoins une tonalité similaire aux exemples précités en terme de costumes, dialogues, et d’ambiances. Mais il ne faut pas que cela rebute le spectateur car Tulip Fever est plus riche qu’il n’y paraît !
On trouve certaines thématiques intéressantes dans ce nouveau film de Justin Chadwick. Avant tout la découverte de l’amour par Sophia, élevée dans un couvent et non initiée aux plaisirs de la chair. Son initiation auprès de Jan s’avérera être un des moments forts du film, filmé avec beaucoup de tendresse et de retenue mais révélatrice d’un des éléments clefs de la relation amoureuse des deux amants. Les mœurs de la société de l’époque seront, elles-aussi, légèrement abordées par l’intermédiaire du Dr Sorgh (Tom Hollander) dont les apparitions amènent une légèreté bienvenue au film tout entier, voire provoqueront quelques éclats de rire.
Mais la plus grande force de Tulip Fever réside dans son procédé narratif. Inutile d’en dire davantage, mais le film prend un parti narratif qui, sans être révolutionnaire, est assez inattendu et bienvenu. La chose aura de quoi dépoussiérer quelque peu le genre du film d’époque et ravir les spectateurs les plus imperméables au style.
Tulip Fever est un film assez inattendu, ayant peu fait parler de lui avant sa sortie. Il constitue cependant un très bon moment de cinéma au cours duquel on ne s’ennuie pas une seconde et dont on sortira le sourire aux lèvres, satisfait d’avoir vu un film qui parvient à surprendre, riche de son esthétique, d’un casting trois étoiles et d’une belle histoire remplie de rebondissements.