Cela faisait depuis 2010 qu’on l’attendait. Et quelle attente. Insoutenable tout simplement. Nourrie par des miettes que notre Paul Van Haver semait sous forme de leçons (Humain à l’Eau et Tous les Mêmes) ou de singles (Papaoutai et le buzz incroyable de Formidable). Mais il est enfin arrivé, le nouvel album de Stromae est disponible.
Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il réussit encore une fois à nous surprendre. Le défi était de taille : succéder au succès aussi inattendu qu’unanime de son premier opus Cheese. Que dire ? Par où commencer ? Par le début sûrement. Et un premier titre qui donne la couleur : ça va être Ta Fête. Un beat simple, des percussions entraînantes, un mini-break placé de manière judicieuse. On rentre de plain-pied dans l’univers du musicien belge le plus connu du moment.
Est-il encore nécessaire de présenter la piste suivante ? Le premier single de l’album, Papaoutai, a en effet déjà envahi toutes les stations radio depuis le 13 mai, date de sa sortie officielle. À la fois dansante et touchante cette chanson est certainement le tube de l’été. Sans transition, on arrive à la perle de l’album, qui mettra tout le monde d’accord tant au niveau musical que pour les textes : Bâtard. Cultivant plus que jamais l’art du double voir triple sens, jonglant entre les synonymes et les allitérations, le titre est sans conteste un des meilleurs que Stromae ait jamais composé. Un refrain accrocheur succède à un couplet au chant saccadé et au tempo ravageur. Le genre de chanson pour laquelle on s’arrête dans l’écoute de l’album afin de la repasser une seconde fois et plus si affinité.
Pour lui succéder le bruxellois voit encore juste en changeant totalement de registre avec Ave Cesaria. Un son plus latin, presque espagnol mixé avec une percussion simple et un violon en arrière plan. On voyage dans le sud de l’Europe et on y reste avec Tous les Mêmes qu’on avait déjà pu découvrir dans sa leçon n°24. De nouveau un rythme binaire doublé d’une omniprésence d’instruments à vent. La suite est Formidable. Un buzz mené de main de maître pour préparer le clip et une prestation live mémorable sur le plateau de France 2 ont déjà fait la légende de cette chanson. Une voix chevrotante et tremblante d’émotion nous emmène au temps de Brel, le modèle avoué de l’artiste.
Sans prévenir on arrive ensuite à l’OVNI de l’album : Moules Frite. Une chanson tout en métaphores subtiles et que l’on pourrait qualifier de titre le plus « belge » de l’album pour son second degré. Retour dans un milieu plus boite de nuit avec un Carmen aux textes aussi affûtés qu’un poignard. Le tempo est plus rapide et la poésie toujours aussi remarquable. Lui succédant, Humain à l ‘Eau est sûrement le titre le plus électro de l’album. On avait déjà pu écouter une ébauche de la chanson dans la leçon 23 du maestro mais les modifications qui y sont faites la rendent bien meilleure. On attaque alors le trio de fin de l’album avec Quand C’est ?, Sommeil et Merci. Le premier est une complainte aussi belle que triste. Le second un des morceaux fort de l’album, une ballade électro magnifique qui nous emmène de l’enfance au monde adulte. Magique. En pré-clôture de l’album on retrouve enfin Merci, morceau exclusivement instrumental. Un envoûtement rythmé par les pianos et les percussions.
De la gratitude pure. Ensuite en guise de bonus track officieuse on a même droit à un morceau issu de la collaboration entre le Maestro, Maître Gims et Orelsan : AVF. Bonus track puisque le titre, qui malgré qu’il soit excellent, tranche par rapport à l’ambiance du reste de l’album. Il est tout de même la cerise sur le gâteau d’un CD qui frise la perfection. La comparaison avec Brel est flatteuse mais erronée. Stromae pratique un autre art que le « Grand Jacques » mais n’a pas à rougir devant son aîné. Si il continue sur sa lancée il pourrait même un jour le regarder dans le blanc des yeux sans ciller.