auteur : Augustin Cabanès
édition : Jourdan
sortie : avril 2017
genre : histoire
L’Histoire retient en général les destins de personnages faisant partie de l’élite dans ce cas-ci, ce sont les membres des familles royales d’Europe qui nous intéressent plus particulièrement, ceux qui possèdent le pouvoir de payer pour que l’on relate leurs existences et ce, dans le but de laisser une marque durable de leur passage sur terre. Il existe ceux que l’on détermine comme fous dans toutes les couches de la société mais les élites étant dans la lumière et scrutés de toutes part, leurs comportements « défaillants » n’échappent pas à l’attention des courtisans avides de rumeurs, fondées ou non, à colporter pour occuper leurs journées.
Le fait aussi que, ces familles royales régnantes pour garder intactes leurs possessions se mariaient entre eux. Au fil des générations, ses mariages consanguins pervertirent leur discernement, les emmenèrent parfois doucement, parfois violement dans la folie. Leur sang manquant cruellement de diversité génétique faisait apparaître des tares de plus en plus nombreuses. Leur état mental plus ou moins altéré ne représente qu’une partie des affres dont ils seront les victimes.
Le journaliste et médecin Augustin Cabanès est un habitué du genre. Il publia, entre autres, Les énigmes de l’Histoire et Les Morts mystérieuses de l’Histoire ; à chaque fois ce sont des ouvrages qui éclairent d’un jour nouveau les personnalités de ces individus à part que l’on pensait bien établies. Vu sous l’angle de l’observateur averti de l’auteur, les rois se révèlent d’une tout autre façon.
Qui connait Jeanne La Folle ? Celle qui fut la mère du puissant Charles Quint et fut maintenue en détention pour cause de folie mais surtout parce que c’était bien pratique puisqu’elle gênait les ambitions de son fils et avant cela, celles de son mari qui la détestait alors qu’elle l’aimait éperdument. C’est sa perte qui la précipitera doucement mais sûrement dans une folie macabre, son emprisonnement et les conditions de sa détention ayant certainement accélérer le développement de sa pathologie. Philippe II qui fut d’abord le mari de la reine Mary d’Angleterre et qui par la suite enverra sa grande Armada vers les côtes anglaises dans le but de détrôner celle qui lui succéda mais fut lamentablement défait. Ce fut l’échec le plus humiliant, la défaite la plus cuisante de l’histoire d’Espagne. De Pierre le Grand sujet à de brusques et violentes colères, d’un tempérament exécrable et pour le moins vulgaire et sans manières, est le premier d’une longue lignée de personnages tour à tour nymphomane, laissant libre cours à leur passions déviantes, mettant les nerfs de leur entourage à rude épreuves à causes de décisions insensées, d’ordre farfelus ou encore, frappé de mélancolie pour ne pas dire de dépression apathique, sans oublier les épileptiques et autres tuberculeux qui se succèderont sur le trône de Russie. Le tour d’horizon se termine par le roi Christian de Danemark que sa passion pour les nuits de débauche l’accablera de maladies vénériennes – qu’il transmettra même à sa femme – qui pervertiront son esprit et enfin, les princes Othon et Louis II de Bavière, héritiers de la famille Wittelsbach connue pour avoir produit une belle brochette de mélancoliques profonds.
Si le sujet est très intéressant et nous apprend quelque chose de différent de toutes les biographies qui nous passent sous le nez, on déplore que l’accent ait été mis à 80% sur la famille royale de Russie. Il y a pourtant bien d’autres « fous couronnés » qui ont émaillés l’Histoire… Peut-être un manque de sources explique-t-il ce choix ? Toujours est-il, que malgré quelques coquilles dues à une relecture peut-être laborieuse, Les fous couronnés est un ouvrage qui séduira les passionnés d’histoire qui ont envie d’apprendre quelque chose sous un angle différent.