Smetto quando voglio
de Sydney Sibilia
Comédie
Avec Majlinda Agaj, Edoardo Leo, Valerio Aprea, Valeria Solarino, Paolo Calabresi, Stefano Fresi
Critique :
Dans une Italie en crise, être bardé de diplômes n’est pas synonyme d’emploi. Alors qu’en Belgique, faire des études demeure le leitmotiv pour trouver un job et devenir quelqu’un de respectable, en Italie, la situation est plutôt contraire.
Sept trentenaires, tous doctorants, en ont fait les frais, si bien qu’ils acceptent n’importe quel travail pour espérer une rentrée financière. Mais pour sortir définitivement du marasme, ils décident de produire leur propre drogue.
Smetto quando voglio est le premier long métrage de Sydney Sibilia. Cette histoire à contre-courant des réflexions idéologiques courantes reflète une réalité que personne n’aurait imaginé dix années auparavant. Voir les diplômés en marge d’une société glorifiant le travail plus manuel, cela relevait encore de la science-fiction. Pourtant, l’inspiration de ce film est à trouver dans l’Italie actuelle (et plus largement dans les pays méditerranéens).
Sydney Sibilia l’a bien compris, mais au lieu de nous gaver d’une réalisation dramatique où les personnages se morfondent à n’en plus finir, il a choisi de nous offrir une comédie burlesque à faire pâlir les meilleurs films du genre.
Dans Smetto quando voglio, tout est empreint de dérision, d’ironie et d’humour noir. Chaque phrasé est accompagné d’une connotation satirique rendant la lourdeur du propos plus légère. Les scènes qui s’enchainent de manière rythmée deviennent dès lors des bouffonneries tout en gardant leur âme critique. Un bonheur pour le spectateur.
Le spectateur qui se délecte en outre d’un cinéma italien se redonnant des couleurs. De fait, l’industrie cinématographique de la botte produit aujourd’hui d’excellents films d’auteur mais souffre de l’absence très palpable de comédies, genre qui a fait la fierté de l’Italie jusque dans les années 80. Pour ce faire, Smetto quando voglio roule sans cesse des mécaniques, exagère, cabotine et fanfaronne tragiquement à l’instar du film éponyme de Dino Risi de 1962.
Pour autant, le film reste en phase avec son temps. Comme le souligne les organisateurs du Brussels Film Festival, le pitch n’est pas sans rappeler un certain Breaking Bad. Ajoutez à cela les inspirations hollywoodiennes des acteurs – comme Stefano Fresi, véritable Zach Galifianakis à l’italienne – et vous obtenez une prestation collégiale fraîche et efficace.
En résumé, courrez voir cette production ambitieuse. Smetto quando voglio est une comédie perspicace tout en étant amusante. Mieux vaut en rire qu’en pleurer, tel pourrait être le crédo de Sydney Sibilia.