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    Théâtre National : d’une rive l’autre, à reculons

    De et mis en scène par Martine De Michele avec Martine De Michele, Nancy Nkusi, Adrienne D’Anna, Valérie Kurevic, Olivia Harkay, crédit photo © Dominique Houcmant/Goldo

    Du 19 au 29 avril 2017 à 20h30 au Théâtre National

    Après un passage à Liège, En compagnie du Sud vient présenter son spectacle La Rive sur les planches du théâtre national, à Bruxelles.

    Sur scène, cinq femmes accueillent un public étonnamment restreint pour une première – à un tiers de la salle est occupé. Parmi elles, Martine de Michele, également à l’origine de la conception et de la mise en scène de la pièce. Toutes de noir vêtues, dans une ambiance sombre et sans fioritures (certains parleront d’une ambiance épurée, d’autres stigmatiseront l’absence de décor), les actrices rompent le silence et donnent vie à leur récit.

    Le spectacle, comme son titre le suggère à sa manière, fonctionne selon une dualité en deux temps. À l’image du dieu Janus, dont la moitié du visage reste tapis dans l’ombre, les actrices ne sont qu’à demi éclairées par les spots lumineux. Et elles racontent leur histoire, tantôt sur le ton de la confession, tantôt à travers des chansons.

    Le début de la pièce s’enracine en Europe. De ce côté de la rive, la modernité apporte son lot de tracas quotidiens, les faibles sont dévorés par les grands. Le duel n’est pas équitable. À travers une succession d’anecdotes, de témoignages et de grands questionnements, les cinq actrices aboutissent rapidement à un point de rupture. Du coup, c’est la fuite : on se réfugie de l’autre côté de la rive, sur une petite île, très au Sud, chacune y retrouve ses origines, la tradition et ses valeurs refuges. Mais cette petite île n’est plus ce qu’elle était : jadis lieu d’escale ; désormais c’est un lieu de souffrance. Mais à qui la faute ?

    L’ambiance scénique se rapproche l’expérimentation théâtrale, peut-être au détriment d’une tension narrative dont l’absence se fait ressentir au moment où le spectateur éprouve le besoin de se sentir tenu en haleine. Comme si l’on n’avait jamais tout à fait fini de se chercher. Comme si le texte, simple et dense à la fois, par son manque de légèreté ne parvenait toutefois pas à nous emporter, avec force d’évocations poétiques, vers l’autre rive.

    Ivan Sculier
    Ivan Sculier
    Journaliste du Suricate Magazine

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