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    El Ciudadano Ilustre, comédie noire entre fiction et réalité

    El Ciudadano Ilustre

    de Gastón Duprat et Mariano Cohn

    Comédie

    Avec Oscar Martínez, Dady Brieva, Andrea Frigerio

    Sorti le 19 avril 2017

    Quelques mois après avoir pompeusement refusé le Prix Nobel de littérature, l’écrivain argentin Daniel Montovani retourne à Salas, la ville de son enfance. Il pense y retrouver de l’authenticité et pouvoir accepter avec bonhomie les honneurs provinciaux. Mais alors qu’il redécouvre la vulgarité locale, son succès génère de l’agressivité.

    Comédie noire pour les pince-sans-rire, El Ciudadano Ilustre est un film qui repose sur les problématiques existentielles de l’écriture. Quelles sont les honneurs valables : ceux des pairs qui condamnent au piédestal ou ceux de la masse qui avilissent ? Tout livre n’est-il pas voué à être (auto)biographique, tous les personnages à être inspirés de personnes réelles, et ce de façon assez peu fortuite ? Le climax du film est sans aucun doute sa fin qui s’amuse à larguer le spectateur dans une zone grise entre réalité et fiction, l’une paraissant aussi probable que l’autre.

    Sans lourdeur, le long-métrage aborde ces thèmes et confronte deux styles de personnages. D’un côté, il y a l’intellectuel Montovani, polissé, versé dans la psychologie, qui aime s’écouter parler, et de l’autre il y a ses anciens concitoyens veules au mieux, bêtes ou agressifs au pire. De cette confrontation d’abord amicale nait un malaise entretenu, bien dosé. L’œuvre de Mariano Cohn et de Gastón Duprat passe ainsi au vitriol la société argentine et se le permet avec un bon casting. Très présent à l’écran, Oscar Martinez est impeccable dans ce rôle d’écrivain mi sincère mi égocentrique et face à lui Dady Brieva, l’ami d’enfance, ou encore Manuel Vicente, le maire de Salas, sont truculents.

    Petite anecdote, le vice a été poussé jusqu’à réellement publier un livre de Daniel Montovani, seul (et fictif) prix Nobel de littérature argentin (puisque même le grand Jorge Luis Borges n’aura jamais eu le privilège de recevoir – ou de dédaigner – ces lauriers). Derrière cette identité se cacherait un écrivain argentin bien réel et connu, mais ayant gardé l’anonymat.

    El Ciudadano Ilustre appartient à ces films qui laissent le spectateur délicieusement frustré… Un état intermédiaire plus satisfaisant qu’il n’y paraît !

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