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    Le Festival Millenium, le savoir comme arme de constuction massive

    Qu’ils soient femmes, hommes, jeunes ou vieux, les acteurs présentés au Millenium Festival sont tous investis de la même force ; une force qu’ils nous transmettent par l’image. Ils sont vivants, ils sont engagés et ils se battent pour des libertés que l’on a, à tort, trop vite considérés comme acquises. Les festivals de documentaires ne sont pas toujours appréciés du grand public, trop dur, trop triste. Pourtant, cette année encore, la raison triomphe de l’obscurantisme. Les foules présentent dans les salles ont démontré la nécessité de savoir, le besoin de comprendre les enjeux qui se jouent devant nos regards parfois impuissants.

    Lorsqu’ici, nous pouvons jouir des rudiments d’une égalité des sexes, (presque) sans a priori de pensée, à quelques centaines de kilomètres, les êtres de Gulistan Land of Roses sont forcés de s’engager jusqu’à la mort avec, pour seul espoir de liberté, leurs rêves. Le Festival Millenium endosse la tâche ardue de nous rappeler que chaque liberté doit être militée encore et toujours, même une fois acquise. Plus proche de nous, les jeunes adolescents en devenir de La belle vie, s’interrogeant tantôt sur la notion de liberté tantôt sur le statut et les qualités requises d’un bon père, ne font finalement que mettre en exergue une Europe qui, tout en se sentant libre, a fini par s’empêtrer dans une dictature hiérarchique en oubliant la liberté qui faisait, jadis, sa fierté.

    En plein cœur de la problématique actuelle, The Good Postman de Tonislav Hristov qui aborde le déchirement intra-nation à propos de (littéralement) la problématique des réfugiés syriens, remporte l’Objectif d’or pour avoir « donné un visage humain et complexe au dilemme entre acceptation de l’autre, diversité et solidarité ». Dans une perspective écologique, l’Objectif d’argent a été attribué à Plastic China de Jiu-Liang Wang, qui ramène un peu de la marée de nos déchets à l’esprit ; ceux que l’on s’empresse d’oublier une fois la poubelle déposée hors de nos chaumières. Enfin, l’appel à la tolérance de Maya Zinshtein avec Forever Pure remporte l’Objectif de bronze.

    Parce qu’il n’y a pas de hiérarchisation de la douleur ou d’urgence de la réflexion, le Festival Millenium n’a pas peur de confronter les idées sans se préoccuper du PIB, il porte tout autant d’attention aux acteurs du Nord qu’à ceux du Sud, en prenant soin de n’oublier aucun des points cardinaux. Au total, ce sont plus de 70 films issus de quelques trentaines de pays qui ont rassemblé les foules pour cette 9ème édition. Cette année encore, parce qu’il a permis de mettre en lumière ce qui trop souvent n’est que survolé par résignation, nous lançons, dans l’attente de célébrer sa première décennie, un tout grand merci au Festival Millenium.

    Audrey Lenchantin
    Audrey Lenchantin
    Journaliste du Suricate Magazine

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