Kong : Skull Island
de Jordan Vogt-Roberts
Aventure, Fantastique, Action
Avec Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Brie Larson
Sorti le 8 mars 2017
Il y a douze ans, Peter Jackson avait ressorti des cartons un géant oublié du cinéma : King Kong. Dans son long métrage de trois heures, le cinéaste néo-zélandais rendait hommage à ce monument du septième art et à ceux qui lui ont donné vie en 1933, à savoir Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. Un film prodigieux, époustouflant et abouti qui avait enchanté les spectateurs du monde entier. Difficile de faire mieux, il faut l’avouer.
Mais alors, nous direz-vous, pourquoi diable en réaliser un nouveau ? La réponse est simple : Kong : Skull Island ne raconte pas du tout la même histoire et s’inscrit plutôt dans une dynamique plus large. Cette dernière n’est autre que la volonté de Legendary Pictures de remettre au goût du jour les kaijus qui ont fait la gloire du cinéma nippon. Cela a commencé avec le Godzilla de Gareth Edwards en 2014 et cela se terminera avec le fameux Godzilla vs. Kong prévu pour 2020.
Kong : Skull Island nous emmène dans l’Océan Pacifique, en 1973, sur une île reculée et presque inaccessible, découverte grâce aux nouveaux satellites orbitaux. Alors que les Etats-Unis viennent de rappeler leurs boys du Viêt-Nam, une poignée d’entre eux est chargée d’accompagner un groupe de scientifiques sur l’Île du Crâne. Mais le rendu paradisiaque des lieux laisse rapidement la place à l’horreur.
Vous l’aurez deviné, Kong : Skull Island ne transpire pas la romance que pouvait inspirer le récit originel. Et pour cause, dès l’entame du film, le spectateur en prend plein les mirettes. De la scène d’ouverture dévoilant un combat rapproché entre deux pilotes américain et japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à celle montrant l’arrivée des G.I.’s sur Skull Island aux commandes de leurs Huey’s mythiques, le film annonce clairement la couleur : il va y avoir du sang, de la baston et beaucoup d’effets spéciaux.
Outre cela, le réalisateur – méconnu jusqu’ici – Jordan Vogt-Roberts a développé l’univers de Kong. De fait, le grand gorille – qui pour l’occasion a pris quelques dizaines de mètres de plus et a abandonné son aspect simiesque au profit d’une carrure plus anthropoïde – n’est plus le seul centre d’intérêt de l’île et laisse régulièrement sa place à d’autres bêtes gigantesques émanant des entrailles de la terre. Un nouveau bestiaire à faire pâlir Darwin.
Bref, le cinéphile est conquis et en redemande même. Voeu exaucé par le scénariste, puisque celui-ci n’hésite pas à tremper sa plume dans le burlesque au travers de ses personnages. Mais hélas, ce choix au départ louable s’avère très vite lassant et les frasques de certains protagonistes du film – à commencer par le Colonel Packard interprété par Samuel L. Jackson – agacent sérieusement. Comme happé par sa fougue, le script nous impose alors des fils rouges sous-jacents amenant à des scènes absurdes, dont l’apogée se situera dans le duel Packard-Kong, véritable exemple de la surenchère hollywoodienne dans ce qu’elle a de plus pompeux.
En résumé, Kong : Skull Island est un blockbuster survitaminé et rafraîchissant qui aurait néanmoins pu se passer de certaines scènes superflues. Toutefois, l’idée d’extirper Kong des années 30 pour l’envoyer en pleine Guerre du Viêt-Nam est à saluer, puisqu’elle crée une véritable dynamique belliqueuse et écervelée nécessaire à l’histoire. Et quoi de mieux que l’odeur du napalm au petit matin ?