La Grande course au fromage
de Rasmus A. Sivertsen
Animation, Comédie
Sélectionné en compétition dans la catégorie « Longs Métrages »
Deux amis, Solan et Ludvig, vivent avec Feodor, un fermier bricoleur de génie. Suite à un pari, cette curieuse équipe va représenter son village dans la grande course au fromage qui les opposera à leur rival du village voisin, un laitier sans scrupule prêt à tout pour gagner. Leur affrontement sera terrible et drôle malgré l’enjeu élevé : la maison où vivent les trois compagnons.
Deuxième opus des aventures de Solan et Ludvig, La Grande course au fromage est avant tout un film qui s’adresse à un public très jeune. Les deux personnages principaux, un pingouin et un hérisson, forment un couple auquel chaque enfant peut s’identifier. Solan est sûr de lui, intrépide mais (trop) orgueilleux et ne renonce à aucun défi qui lui est lancé. À contrario, Ludwig est timide, peureux mais (trop) pessimiste, ce qui le met à la remorque du caractère fonceur de son ami. Pourtant, il suit, cahin-caha, tout en sachant que l’échec est toujours possible voire, de son point de vue, inévitable.
C’est le tempérament de compétition de Solan qui va entraîner nos deux protagonistes accompagnés de leur ami inventeur de génie, Feodor, dans une course folle. Cette course traditionnelle les opposera à l’équipe du village voisin et les mènera dans d’incroyables aventures où seront mis à l’épreuve leurs limites, leurs angoisses et leurs défauts.
Fortement inspiré de l’univers des Studios Aardman, La Grande course au fromage n’en atteint pourtant pas la même excellence. Les personnages sont drôles, attachants et les situations font beaucoup rires, mais tout ça manque quelque peu de finesse. L’univers est riche et optimiste, mais paraît assez lisse si on le compare à celui de Nick Park. Même si Siversten prend le contrepied de ce dernier en matière d’invention – ici, elles ne sont pas abouties mais on fait comme si -, le génie n’est hélas pas au rendez-vous.
L’autre limite de ce film est son scénario, assez simpliste. Certes, c’est un atout lorsque le public est (très) jeune, car le but est simple, direct et sans ambiguïté. Mais on s’attendrait quand même à un peu plus de nœuds dramatiques dans ce qui n’est finalement qu’une succession de scènes linéaires misent bout à bout. La morale finale aussi est très convenue et sans relief : la victoire n’a pas d’importance et est même néfaste si elle implique le malheur pour le vaincu. Il est donc mieux de tricher et choisir le match nul plutôt que l’un ou l’autre ne subisse les conséquences d’une défaite cause d’un orgueil démesuré.
La réalisation est impeccable et on sent une maitrise de l’univers qui nous est proposé. Les personnages secondaires sont drôles, sans être lourds et un second degré se dégage tout de même à travers eux. Malgré les quelques faiblesses scénaristiques, La Grande course au fromage est un film agréable à regarder, d’un optimisme rafraîchissant, qui fera rire à gorge déployée le public le plus jeune et sourire leurs parents.