auteur : Arnaldur Indridason
édition : Métailié
sortie : février 2017
genre : thriller
Le nouveau thriller d’Arnaldur Indridason débute en Islande en 1941 avec le meurtre d’un jeune représentant de commerce. Quel est le lien entre cette banale affaire et la guerre qui fait rage partout en Europe ? C’est ce que devront découvrir Flovent (ben oui, il n’a pas de prénom !) de la criminelle de Reykjavik et Thorson (Canadien d’origine islandaise qui lui non plus n’a pas de prénom !) de la police militaire américaine. La raison pour laquelle les deux hommes doivent faire équipe, c’est parce qu’une balle de l’armée a été retrouvée sur le lieu du crime et aurait visiblement tué la victime. Dans ce contexte délicat où les troupes britanniques et américaines ont pris racine en Islande, l’armée doit pouvoir sauver les apparences et garantir ses intérêts. Les enquêteurs iront de surprise en surprise avec l’ombre du nazisme planant constamment en ces temps perturbés…
Ce premier volume de La trilogie des ombres n’est pas seulement un récit où le décor est mis en place. Même si on peine parfois à s’y retrouver parmi une multitude de personnages, on est en effet directement plongé au coeur d’une intrigue palpitante dans laquelle les existences finissent par s’entremêler de façon méticuleuse. Le résultat ? Un thriller parfaitement maîtrisé qui berne le lecteur à de nombreuses reprises, le tout pendant un épisode historique moins connu qu’est l’occupation de l’Islande par les Anglais et les Américains au détriment de la neutralité islandaise.
Dans ce contexte, l’ambiance est toute particulière et très lourde. Les soldats envahissants et les Islandais se côtoient en se regardant en chiens de faïence, les femmes autochtones sont soit sollicitées par les militaires soit constamment soupçonnées de vouloir s’amouracher d’eux dans le seul but d’avoir une vie meilleure à l’étranger. Les conditions de vie des habitants d’un Reykjavik majoritairement rural sont effectivement difficiles et la description qu’Indridason fait de la misère humaine et de la rudesse des personnages prend aux tripes.
Cette plume belle et rigoureuse met également en lumière la nature de l’Homme pour le meilleur mais surtout pour le pire. Dans l’ombre constitue en effet tant un thriller psychologique avec des personnages manipulateurs et aussi vicieux qu’un banc de méduses à Ostende qu’un thriller de guerre avec son lot d’espionnage, d’enquêtes aux multiples ramifications et de nazis sadiques férus d’expériences médicales.
Une importante personnalité politique fait même parler d’elle dans ce premier volet. Pour vous mettre sur la voie : il est trapu, fume le cigare et ses initiales donnent envie de se soulager. L’Histoire se mêle à l’histoire dans ce roman riche et intelligent qui jusqu’aux dernières pages tordra le cou aux idées préconçues.
Que demander de plus ? La suite évidemment ! Avant de retrouver le climat toujours aussi froid de la terre de glace, les investigateurs toujours aussi finauds, les Islandais toujours aussi rustiques et les nazis toujours aussi vilains, il vous faudra attendre octobre 2017 avec La femme de l’ombre. Patience…