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    Ils ont raté le rôle de leur vie (3/4)

    «Être ou ne pas être, telle est la… aïe !», le comédien chute lourdement et se fracasse la caboche sur les décors. Ni une, ni deux, le moment est venu pour le perchman de retirer ses lunettes, de déchirer sa chemise sous le regard médusé de la maquilleuse et d’enfin quitter l’angle mort de la caméra. Piétinant à intervalles réguliers son prédécesseur ensanglanté, notre homme se lance dans une tirade d’une demi-heure qui sera vue ensuite par quelques centaines de spectateurs.

    Et oui, être au bon endroit, au bon moment ne suffit pas. Au-delà de l’acte opportuniste, il faut encore bien choisir ses films. Et force est de constater que ceux qui suivent n’ont prêté aucune attention à ce conseil.

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    Drew Barrymore dans le rôle de Sydney Prescott (Scream)

    Agée de seulement 20 ans à l’époque du tournage, Drew Barrymore est déjà une taulière du septième art et une adepte des cures de désintox (comme toute célébrité précoce qui ne se respecte pas). Avec sa cirrhose du foie, son nez rouge-farine et ses pupilles dilatées, la jeune femme avait le look idéal pour servir d’objet de dissection au Ghostface.

    Le souci, c’est que Sydney Prescott n’a pas de carte de donneur d’organes. Qu’à cela ne tienne, Wes Craven lui a donc offert à la place une éventration – devenue culte – en début de film, celle de Casey Becker.

    Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger dans Volte/Face

    Frères ennemis des castings des années 80/90, Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone ont eu la possibilité de se retrouver ensemble à l’écran dans Volte/Face. De fait, le chêne autrichien et l’étalon italien étaient plus que pressentis pour incarner respectivement Castor Troy et Sean Archer.

    Deux producteurs plus tard – et après quelques révisions budgétaires -, le duo volait en éclats au profit de Nicolas Cage et John Travolta. Un comble pour Nicolas qui n’aime pas jouer les rôles de méchant.

    Schwarzi et Sly, très déçus, mettront quinze années en s’en remettre. Eux qui avaient déjà échangé leurs cerveaux pour les besoins du film. Comment, ça ne se voit pas !?

    Kyle MacLachlan dans The Game

    Deux ans après la consécration Seven, David Fincher lance The Game, un film malicieux où le personnage principal, Nicholas Van Orton, est dupé, tout comme le spectateur. Coup de génie scénaristique, The Game n’en est pas moins un échec commercial (la production rentrant à peine dans ses frais).

    Mais depuis, The Game fait partie de ces films intemporels qui peuvent lancer ou faire perdurer la carrière d’un acteur. Kyle MacLachlan, très remarqué l’année d’avant dans Showgirls, devait incarner le rôle principal sous la direction d’un Jonathan Mostow qui n’y croyait pas du tout. L’excellente boîte de production Polygram est alors entrée dans la danse, a envoyé Mostow se faire voir chez les De Laurentiis et Kyle MacLachlan dans les limbes de l’oubli. En lieu et place, la classe : Michael Douglas.

    Dougray Scott dans X-Men

    Pour incarner Wolverine dans son film X-Men, Bryan Singer veut une nouvelle tête, un homme sans gros succès et qui surtout, n’a pas déjà un personnage qui lui colle à la peau. Son choix se porte alors sur Dougray Scott, acteur britannique vaguement aperçu dans Love in Paris. Mais l’intéressé a le col trop serré et préfère signer pour un rôle de méchant dans Mission Impossible 2. Mal lui en a pris puisque d’une part, il n’est toujours pas connu aujourd’hui et d’autre part, Hugh Jackman, son remplaçant (également inconnu à l’époque), est devenu une star planétaire avec neuf films X-Men ou spin-off à son actif.

    À noter que Dougray Scott est aussi passé à deux doigts de reprendre le rôle de James Bond, revenu finalement à Daniel Craig. Si la guigne avait un nom, elle s’appellerait Dougray.

    Emily Watson dans Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain

    À ce moment précis, vous vous dites qu’Emily Watson est une actrice britannique et que donc, rien à voir avec Audrey Tautou. C’est exact ! Pour le comprendre, il faut remonter dans le cerveau étriqué de Jean-Pierre Jeunet et tout l’amour qu’il vouait à Emily Watson après l’avoir vue dans Breaking the Waves. À cette époque, il écrit même le rôle pour elle et souhaite tourner son film à Londres.

    Mais Emily Watson met fin à l’idylle en signant pour Gosford Park. J-P, dégoûté, décide alors d’offrir le rôle à Vanessa Paradis, qui refuse également. Un soir de solitude, il regarde alors Claire Nebout à poil dans Vénus Beauté Institut et jette son dévolu sur Audrey Tautou.

    L’affaire est entendue et les 32 millions de spectateurs à travers le monde ne le démentiront pas.

    Bonus : Enya pour la bande originale de Titanic

    Looseuse parmi les perdantes, Enya a probablement raté l’affaire du siècle en refusant de composer la bande originale du mastodonte du septième art : Titanic. À la place, la production s’est tournée vers James Horner et Céline Dion pour mettre en musique la flottaison incertaine de Léonardo. Depuis, la compositrice irlandaise joue du triangle dans une maison de repos de Dublin.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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