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    Rémi Gaillard en Belgique : interview

    Mardi soir, c’était l’avant-première belge de N’importe qui au Kinepolis. Rémi Gaillard arrive, habillé d’un maillot de foot des Diables Rouges à son nom. Accompagné de Nicole Ferroni (sa femme dans le film) et, surprise, de Sylvain Katan (un des acteurs).

    Malgré quelques tâtonnements et errances, la troupe rentre dans une salle pas si remplie. C’est peut-être dû au fait qu’il est moins populaire chez nous que dans son pays. Malgré tout, la bonne humeur est au rendez-vous. Nicole Ferroni se demande si c’est son odeur qui fait fuir les premiers rangs ? (elle prétend avoir perdu son sac avec ses vêtements dans le train)

    Rémi Gaillard clame à tout vent que la Belgique est un coup de foudre pour lui, que les Belges ont beaucoup d’autodérision et qu’il doit avoir un cerveau belge. Il prend en exemple le fait de recevoir un trophée alors que les gens n’ont pas encore vu le film.

    On a profité de la soirée pour avoir une discussion avec le gaillard. Une interview honnête qui lui ressemble. Et quoi de mieux que de commencer par parler football ?

    Vous savez que l’on joue un match amical demain contre la Côte-d’Ivoire ? Comment avez-vous eu ce maillot ?

    On vient de me l’offrir et je suis très content. En plus, j’aime beaucoup les Diables Rouges, surtout Eden Hazard.

    C’est la première fois que vous venez en Belgique ?

    Oui, c’est la toute première fois et figure toi que mes premières heures ici me laissent perplexe de gentillesse. Je trouve tout le monde cool et les journalistes, les premiers. Ce qui est surprenant, c’est que j’ai l’impression d’avoir un cerveau belge. Tous les gens que j’ai rencontrés sont aimables, cools ; ils ne posent pas de questions chiantes, dérangeantes ou piégeuses. C’est super, vous avez beaucoup plus d’autodérision que chez nous.

    Par rapport au film, c’est une initiative de votre part ou bien c’était une proposition que l’on vous a faites ?

    Non. En fait, j’ai rencontré Jean-François Richet, qui a réalisé le biopic sur Mesrine ou Ma 6-T va crack-er. Il a même eu un césar, mais nous, on en aura pas, je pense que c’est sûr. Mais on aura peut-être un Gérard ! J’espère qu’on aura un Gérard ! Dans ce cas-là, je vais le chercher ! C’est sérieux !

    Enfin, Richet avait vu le sketch où je créais un embouteillage sur l’autoroute déguisé en escargot géant au milieu de la route. Comme il habite Montpellier, il a voulu me rencontrer et, quand on s’est vus, il m’a proposé de faire un film. Mais, comme il réalisait plutôt des films de gangsters, il m’a mis sur le dos un autre réalisateur, un peu plus jeune, peut-être même plus fun.

    Qui vient un peu de nulle part !

    De Paris surtout !

    Il y a beaucoup de Parisiens finalement dans ce film ! (NDLR : il y a tout un gag sur la différence entre Parisiens et gens du Sud, dans le film)

    Oui, ça a d’ailleurs parfois fait des étincelles. Même si je le respecte, on a souvent été au front l’un contre l’autre. Surtout qu’à la base je ne suis pas un acteur.

    Ça va encore ! J’ai vu pire !

    En fait, j’ai pas essayé de surjouer, j’étais juste moi. Je me dis que si je joue mal, c’est que, dans la vie, je suis comme ça aussi. J’ai joué mon propre personnage. J’ai eu la pression, le premier jour, quand il y a eu le clap « Action », car je n’ai pas l’habitude. Normalement, je suis juste muni d’un caméscope et d’un cameraman, et c’était impressionnant de voir tous ces camions, ce matériel, cette équipe énorme. C’était à des années-lumière de ma façon de travailler. Au début, c’était donc difficile et, finalement, j’ai pris ça comme une expérience et c’était plutôt enrichissant.

    © Anastasia Vervueren

    Vous pensez que c’est pour ça qu’ils ne vous font pas parler pendant la deuxième moitié du film ?

    Ça a été évoqué à un moment donné ! Et je suis très content, car ça donne une particularité au film et ça me rappelle un peu les films en noir et blanc de Charlie Chaplin ou Buster Keaton. Bien sûr, je n’arrive pas à la cheville de ces grands artistes, mais c’est une bonne idée, car ça me ressemble de ne pas parler. Dans mes vidéos, c’est rare que je m’adresse aux internautes : j’ai un langage universel dans mes vidéos. Quand je suis déguisé en Mario sur un kart, et que je lance des bananes sur les voitures, c’est un langage universel que tout le monde peut comprendre. Ça fait marrer le Japon, l’Espagne, la Pologne, etc. Je fais d’ailleurs quasiment plus de vues à l’étranger qu’en France.

    J’ai fait mes vidéos comme cela, au début, par manque de matériel : je n’avais pas de micro-cravate ou de perches pour le son, je n’avais pas de caméras professionnelles, donc on a tout misé sur le visuel. Sans le savoir, on a trouvé notre truc, avec mes potes. C’est toujours les mêmes potes qui me filment, avec la caméra qui tremble. D’ailleurs, elle tremble un peu moins aujourd’hui, et parfois, ça m’emmerde ; je suis obligé de leur dire de trembler plus, de faire comme avant.

    Ils n’ont pas été un peu déçus de ne pas être dans le film ?

    Bien sûr ! J’ai demandé qu’ils aient au moins leur chance au casting mais, même s’ils ont été en finale, il n’y en a aucun qui est passé. Mais c’est finalement pas trop mal car, déjà je ne suis pas un super acteur et que si j’avais joué avec eux, cela aurait été pire.

    J’étais accompagné de jeunes talents français et, c’est comme quand tu joues au tennis contre plus fort que toi, tu renvoies mieux la balle. Avoir à jouer avec des gens plus talentueux a été positif. Ils m’ont donné quelques ficelles simples, ça m’a rassuré ; ce sont eux qui m’ont aidé à m’en sortir.

    Vu que vos amis n’ont pas participé à l’aventure, aviez-vous tout de même ton avis à donner sur le film ?

    Mes potes étaient là, ils étaient sur la régie. Après, un contrôle sur le film était assez difficile, car j’ai signé un contrat sans le savoir, et, comme je refuse l’autorité, j’ai parfois eu du mal avec le réalisateur, qui était très bon sur le plateau, mais avec qui j’ai eu du mal en post-production. Il voulait réaliser mes sketchs, et là j’ai refusé directement. J’ai pris mes potes et on a fait ce que l’on sait faire de mieux : repartir à l’aventure.

    Je suis au moins fier d’une chose : c’est que l’on n’a pas trahi le public, car à la fin, il y au moins un quart d’heure de mon univers, fait à notre façon !

    Il est malheureusement l’heure de finir. Est-ce que vous avez encore de nouveaux projets vidéos ou au cinéma à nous donner ?

    J’ai pas forcément de projets. Je vis au jour le jour. Là, par exemple, je suis en Belgique, demain, je retourne dans le Sud de la France, et, après cette promo, je ne sais pas ce que je vais faire. Hier, j’étais chez moi pour la première et d’être presque chez moi pour la seconde, me ravit : merci la Belgique et continuez de faire N’importe quoi pour être N’importe qui !

    Cliquez ici pour lire la critique de N’importe qui – Le Film

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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