Page Blanche, avec Agnès Calvache, Antonin Descampe, Peggy Green, Olivier Prémel, Patrick Spadrille, Marie-Pierre Thomas, Elisabeth Wautier et Ron Wisnia.
Jusqu’au 25 février 2017 à l’Arrière-Scène.
Pour la plupart des gens, le théâtre, c’est Molière, Faydeau, Anouilh ou même Shakespeare. Cet art vivant où la scène se démultiplie et où le spectateur côtoie l’histoire au lieu de la subir. Mais pour d’autres, le théâtre répond à des codes qui l’enferment inexorablement dans un certain classicisme. Pour s’en affranchir, le métier a alors inventé l’improvisation, une ode contemporaine à la performance intellectuelle et à la surprise.
Ce processus de création assez surprenant, c’est exactement ce qu’ont souhaité offrir les créateurs du concept Page Blanche, qui a pris ses quartiers dans le très intimiste – mais non moins chaleureux – théâtre de l’Arrière-Scène à Etterbeek. Le principe est simple : créer une histoire de toutes pièces en 1h15, sans écriture préalable et sans concertation entre les comédiens, comme nous l’a confirmé Patrick Spadrille, l’un des membres du collectif : « Il n’y a aucune trame. Les éléments arrivent de manière très variable. Il n’y a pas non plus de leader qui tire l’histoire dans un sens ou dans un autre. Du point de vue du scénario, rien n’est prévu avant le début de la pièce« . Au départ d’une page blanche, tout prend alors forme, tout est admis mais surtout, tout est possible. Seul impératif, un élément clé est apporté chaque soir par le public : un genre, un lieu, un mot ou autre.
Poussés par notre curiosité, nous avons dès lors assisté à la première du spectacle le jeudi 26 janvier 2017. Un moment magique où les quatre comédiens présents nous ont fait voyager dans un road movie tantôt drôle, tantôt larmoyant. Retraçant l’histoire de trois adolescents partis sur les routes de France pour retrouver leur père, les comédiens – qui dans un autre registre se seraient appelés auteur-compositeur-interprète – ont habilement construit leur scénario pour ne pas lasser le public. Et pour cause, lorsque la situation le demandait ou lorsque les protagonistes en ressentaient le besoin, ces derniers arrivaient à se coordonner, à laisser de la place à l’autre, à pimenter le récit voire à s’effacer pour mieux revenir. Une prouesse improvisée qui cache néanmoins un gros travail de fond de plus de trois ans, comme nous l’a fait remarquer Patrick Spadrille après la pièce : « C’est comme un match de foot. A l’entrainement, les joueurs ne répètent pas le match qu’ils vont faire, mais ils développent des réflexes qui leur serviront au moment du match. C’est exactement ce que nous faisons. Cela nous aide à trouver des éléments pour créer une histoire cohérente, à s’approprier un personnage, à mettre des moments d’émotions sur des regards mais aussi sur l’écoute« .
Vous l’aurez compris, nul besoin de nous attarder sur la pièce présentée proprement dite puisque d’une part, vous ne la reverrez plus jamais et d’autre part, parce qu’il est déjà temps de vivre une autre aventure théâtrale en compagnie de quatre des huit comédiens de la troupe. À noter que le concept est totalement compatible avec une quelconque dépendance, c’est pourquoi les organisateurs proposent une carte gratuite à l’entrée qui vous permet de revenir en payant 1€ de moins à chaque spectacle.