Réalisateur : Julia Bertuccelli
Origine : France
Genre : Documentaire
Année : 2016
Durée : 85 minutes
Sous ce titre mystérieux de Dernières nouvelles du cosmos, se cache un documentaire abordant le thème de l’autisme et les capacités parfois extraordinaires de personnes considérés comme à part du monde « norma »l. Aux commandes, on retrouve Julie Bertuccelli, documentaliste déjà reconnue (La cour de Babel) et cinéaste confirmée (L’Arbre, Depuis qu’Otar est parti). Mais qu’est-ce qui rend ce documentaire unique ?
Le sujet choisi est Babouillec Sp (Sp pour Sans Parole), de son vrai nom Hélène Nicolas, une jeune autiste qui depuis 10 ans, malgré des problèmes moteurs sérieux, arrive à communiquer avec son entourage et le monde en utilisant un alphabet en lettres plastifiées (alors qu’elle n’a jamais appris à lire et à écrire). Mais Babouillec ne fait pas que communiquer, elle nous livre un univers et une écriture poétique et profonde, insoupçonnable chez une femme qui de prime abord ne montre que des mouvements désarticulés, une impossibilité d’expression, une langue tirée et un filet de bave ou encore un rire permanent qui remplace les possibles crises. Le documentaire s’attarde d’une part, avec la complicité de la maman, à expliquer l’évolution de Babouillec et son processus de création. D’autre part, on découvre à l’écran, Pierre Meunier, metteur en scène qui monte une pièce (Forbidden Di Sporgersi) pour le festival d’Avignon basé sur le texte poétique de l’héroïne : Algorithme Eponyme.
Certains se demanderont l’intérêt cinématographique de ce long-métrage, mais est-ce vraiment utile de juger un documentaire pour sa capacité à être une œuvre cinématographique ? N’est-ce pas plutôt le message et le sujet traité qui est important dans ce type de film ? Si oui, le film de Julie Bertuccelli est une réussite, aussi bien pour le message important sur l’autisme que du point de vue du sujet traité qui est premièrement très original mais surtout très émouvant. Emouvant de voir se créer tant de belles choses d’une personne totalement inadaptée au monde « normal ». Et cette émotion est filmée de manière très directe et crue par la réalisatrice mais pourtant sans voyeurisme ni misérabilisme. Un film et un auteur à découvrir.
Quelques citations du film :
- uNe ni eNtière ni uNiformisée machine Ne liBérera Notre verticalité iNsoumise
- L’Oeil gogueNarD De la caméra me sourit, moN amour Du fantastique aDore
- BaBouillec orateur saNs froNtière iNterDit De passeport
- eN jouaNt avec chacuN Des espaces secrets De moN corNichoN De cerveau
- eN fait je suis télépathe et icoNoclaste, iDéalemeNt coNNaitrais tu les foNDemeNts éNuméraNt le va et vieNt De l’éNergie cosmique
- eN libre racoNteuse D’histoires le cosmos Nourrit mes voyages