Il a déjà tes yeux
de Lucien Jean-Baptiste
Comédie
Avec Aïssa Maïga, Lucien Jean-Baptiste, Zabou Breitman
Sorti le 18 janvier 2017
Avec l’ouverture de leur boutique de fleurs et leur nouvelle maison qu’ils rénovent petit à petit, Paul (Lucien Jean-Baptiste) et Sali (Aïssa Maïga) ont presque tout pour être heureux. Il ne leur manque que l’approbation de leur dossier d’adoption. Le jour où Sali reçoit enfin l’appel tant attendu, rien ne pourrait venir gâcher leur bonheur. À part peut-être le fait que le petit Benjamin soit blond aux yeux bleus alors que ses parents adoptifs sont noirs !
À première vue, le quatrième film de Lucien Jean-Baptiste (après La Première étoile, 30° Couleur et Dieu Merci !) semble se démarquer quelque peu des comédies françaises actuelles traitant de « phénomènes de société », comprenez surtout d’intégration, en y apportant un point de vue inversé. En effet, on ne parle pas ici de Français d’origine métropolitaine se retrouvant face à des personnes d’origines culturelles, sociales ou économiques différentes (comme dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? et autres films du genre), mais bien d’une famille noire accueillant un enfant blanc. Cependant, l’originalité s’arrête là. Car le film reprend exactement tous les ingrédients de ces comédies « sociales », qui peuvent parfois provoquer une indigestion chez les spectateurs aux estomacs fragiles. Jean-Baptiste Thoret, dans son cours sur le cinéma de « La France intouchable » organisé par le Forum des images en janvier 2016, parle de ces composants omniprésents dans les films populaires français. La recette n’est pas très compliquée : prenez des personnages stéréotypés à l’extrême, mélangez-les à une série de saynètes plus ou moins drôles, parsemez de scènes de confrontations entre deux communautés qui ne s’entendent pas et terminez par des réconciliations autour d’un bon repas. Vous obtiendrez un film qui, sous couvert de faire réfléchir sur une question de société de manière humoristique, ne provoque au contraire aucune réflexion critique chez le spectateur, qui ne peut qu’adhérer au message peu subtilement transmis.
Il a déjà tes yeux ne nous fait pas passer un mauvais moment, mais peut-être aurait-il été plus agréable devant sa télé, au chaud dans son fauteuil, plutôt qu’au cinéma où, si l’histoire n’est pas des plus passionnantes, on s’attend au moins à des images plus sensationnelles que des courses-poursuites dans un hôpital.