Brimstone
de Martin Koolhoven
Western, Thriller
Avec Dakota Fanning, Guy Pearce, Emilia Jones, Kit Harington, Carice Van Houten
Sorti le 18 janvier 2017
Réalisateur à succès dans son pays, le néerlandais Martin Koolhoven s’offre une grosse coproduction et un casting anglo-saxon pour mettre en scène un western opératique, probablement nourri de toute sorte d’influences cinéphiliques, qu’elles soient classiques ou plus récentes.
Brimstone place donc son action dans l’Ouest américain, à la fin du XIXème siècle, et arbore une construction en quatre chapitres. Dans le premier, Liz, une jeune mère de famille, reconnaît une menace apparemment venue du passé en la personne du nouveau prêcheur, fraîchement débarqué en ville. Manipulée et persécutée par cet homme mystérieux, elle se voit contrainte de s’exiler avec ses enfants. Le second chapitre opère un retour en arrière dans le passé de Liz, donnant des éléments de réponses quant aux questions laissées en suspens à la fin de la première partie. La troisième partie recule encore un peu plus dans le temps et donne les bases de la vendetta fomentée par le prêcheur à l’encontre de Liz. Le dernier chapitre, enfin, reprend là où s’achevait le premier, pour apporter un dénouement en forme de règlement de compte.
La structure du film en rappelle plusieurs autres – notamment, dans un tout autre genre, le Memento de Christopher Nolan, dans lequel jouait Guy Pearce qui incarne ici le prêcheur – mais principalement les néo-westerns de Quentin Tarantino (Django Unchained, Les Huit Salopards). On a déjà dit ici la difficulté pour un western réalisé aujourd’hui de se défaire de l’ombre de Tarantino (voir Les 7 mercenaires d’Antoine Fuqua) et Brimstone n’échappe pas à la règle. Il est assez symptomatique que l’inconscient cinéphile lié à un genre presque aussi vieux que le cinématographe soit maintenant phagocyté par ses avatars les plus contemporains. L’ambition de Martin Koolhoven semble bel et bien de concurrencer l’auteur de Pulp Fiction sur le terrain du pastiche et de l’opéra filmique – ici en quatre actes – plus que de rendre hommage aux classiques de Ford ou de Hawks.
Si l’on ne peut donc s’empêcher de déceler une certaine forme d’opportunisme dans la démarche, il n’empêche néanmoins que Brimstone s’avère plutôt très efficace, grâce notamment à sa construction en escaliers et à l’ampleur – dans le temps et l’espace – de son récit. Le face-à-face opposant ses deux protagonistes est à la fois ancré dans un archétype classique du genre tout en se parant d’une certaine originalité : outre le fait que le personnage soit une femme et qu’elle tienne tête à un homme de manière unilatérale, le dévoilement progressif du passé de ce personnage féminin le fait passer du statut d’oie blanche à celui d’anti-héroïne complexe. De la même manière, si l’on s’en tient à l’adage d’Alfred Hitchcock selon lequel plus réussi est le méchant, plus l’est le film, il faut rendre justice à Guy Pearce et à son personnage à la fois ogresque et torturé quant à leur part de responsabilité dans la réussite du film.
Brimstone est certes beaucoup plus dans le premier degré que les films de Tarantino, il est effectivement mû par une certaine tendance à l’opulence démesurée – principalement dans sa durée un peu exagérée – et à un esprit de sérieux parfois frigorifiant, mais ces défauts participent également du charme qu’il distille : celui d’un film sincère et généreux, au-delà de quelques fautes de goût.